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Le Trail du Soleil Levens

Ce premier dimanche de décembre, j’ai fini mon (presque) premier trail officiel : le trail du Soleil Levens. Trail local organisé par l’EDHEC, nous étions 125 à nous aligner sur le départ du format 30km. Malheureusement, une chute de neige les jours précédents a forcé la modification du parcours pour assurer la sécurité des coureurs. Le 30km et 1710 D+ s’est donc modifié en 23,5km et 1305 D+ officiel. A ma montre, j’aurais pour autant 24,7km et 1545D+ et les jambes en feu.

Mon premier trail officiel

Bien que je cours régulièrement (et encore plus ces derniers mois) dans les hauteurs de Nice, enchaînant chemins rocheux, boueux et dénivelé, je n’avais jamais vraiment fait de trail officiel, mis à part une course nature de 10km il y a presque deux ans dans l’Oise. Non que l’envie m’en manquait, mais plutôt le courage : je trouve qu’il est plus facile d’enchaîner les kilomètres sur bitume plutôt que de crapahuter dans la montagne, si exigeante.

Et cette exigence, je l’ai découverte dimanche.

Le départ est pris à Levens, petite commune perchée dans les hauteurs de Nice, à 9h30. Pas le temps de se refroidir malgré les températures négatives grâce au retrait de dossard rapide juste avant la course (avantage des petites courses). Quelques étirements avec mon père et on se met à l’arrière de la centaine de participants. On tente de nous expliquer le nouveau parcours, mais je ne visualise absolument pas le type de profil qui nous attend …

Départ du trail du Soleil Levens, 2017

Départ du trail du Soleil Levens, 2017

La montée au Mont Férion

Un décompte enjoué et les jambes se mettent en route. Une petite route descend jusqu’à l’entrée du chemin que nous emprunterons. Mais ce n’est que pour mieux tromper l’ennemi ; 6km de montée nous attendent juste après. Quelques kilomètres interminables avec environ 900m de dénivelé positif, et très peu de répit. Je peine à trouver mon souffle, je cours à peine mais j’essaie de rester dans une marche active. Paraîtrait-il qu’il faut savoir marcher en trail ! Alors j’applique ce conseil à la règle … Je peine tellement que je me demande réellement si j’arriverais à la fin du parcours. Je vois mon père à l’aise comme un petit chamois devant moi ; il me motive, m’attend et me donne toujours l’objectif de le rattraper. Mais intérieurement, je peste contre mon incapacité à courir quand la pente est moins raide alors qu’il me semble que j’en suis capable en entraînement. Mes jambes sont lourdes, mon souffle court, et la neige glissante. Mais je ne lâche pas, le Mont Férion et sa vue sublime m’attende avant d’entamer ma partie favorite : la descente.

Montée du Mont Férion, Trail du Soleil Levens, 2017

Montée du Mont Férion, Trail du Soleil Levens, 2017

Au sommet, seul ravito solide du parcours. On en profite tous pour s’arrêter un moment, pour parler avec les bénévoles, les remercier et prendre notre photo avec le magnifique panorama qui s’offre à nous.

Mont Férion, Trail du Soleil Levens 2017

Mont Férion, Trail du Soleil Levens 2017

La descente de 2 km, ou le seul répit qui nous sera offert

Derrière la vigie du Férion, la descente attaque de manière aussi raide que la montée, sur un petit chemin proche d’un ravin. Les roches glissent, la terre est grasse, mais la neige a fondu. Avec mon père, on s’éclate, les jambes déroulent, on fait des petits bonds d’une roche à l’autre. J’ai le sourire aux lèvres. La descente est grisante, et les paysages une pure merveille. Je me sens dans mon élément malgré la difficulté qu’on vient de passer.

Neige et montagne, trail du soleil Levens

Neige et montagne, trail du soleil Levens

Les bénévoles nous annoncent encore deux petites montées et une longue descente. Je jubile, la plus grosse difficulté du parcours semble être passée et je me sens bien. Je lâche les chevaux en descente, mon père me rattrapera en montée comme à notre habitude.

Les deux … trois … quatre ( ?) dernières montées

Montée qui ne tarde pas à se présenter et à nous couper les jambes. Aussi raide que la première, sillonnant à travers les arbres. J’essaie cette fois de trouver un bon souffle, et je ne me concentre que sur celui-ci pour calmer mon rythme cardiaque. Nous formons un petit groupe avec quelques autres participants et nous nous soutenons mutuellement jusqu’à la fin de la deuxième montée. A chaque bénévole croisé, je demande quand sera la descente, mi-amusée, mi-désespérée !

Neige au trail du Soleil Levens 2017

Neige au trail du Soleil Levens 2017

Puis à nouveau une belle descente, très technique. Je remonte en tête du groupe et je laisse mon père un peu derrière. Il le sait, les descentes c’est mon dada. Je saute, je pousse les feuillages, je m’élance en prenant appui sur un tronc, je fais chauffer les quadriceps et je m’amuse … Un peu trop d’ailleurs parce que je loupe une signalisation du parcours et je descends trop loin. Je me fais rappeler à l’ordre par les participants qui me suivaient, heureusement. Un jour, je porterais des lentilles de contact pour courir, ça pourra m’être utile.

Cet arrêt forcé me coupe toute énergie. Les jambes lourdes signent leur retour, et j’ai du mal à suivre sur un chemin pourtant qu’en faux plat. Je peine à manger aussi ; je mâchonne un bout de pâte de fruits que je peine à avaler depuis 10 km. Je tente de relancer, mais la seconde montée arrive. Je prends mon mal en patience et je fonde tout mon espoir sur la descente qui devrait suivre.

Car comme après toute montée, il y a une descente. Mais ici, le plaisir de la descente fut de courte durée. Les montées vont s’enchaîner, et les descentes vont être glissantes. On approche la vingtaine de kilomètres et les faux espoirs s’enchaînent, jouant un peu sur notre moral. Chaque bénévole nous assure que c’est la dernière montée, surement pour nous encourager, mais sur moi, c’est plutôt l’effet inverse. A ce moment je peine, et je ne veux plus qu’une seule chose : finir cette course.

Une arrivée qui se fait attendre

Mon père commence également à peiner. Même s'il est plus habitué des trails, il n’a pas couru autant depuis un moment. On prend tour à tour le relais pour s’encourager. Je répète comme une litanie « si on trottine, on en finira plus vite que si on marche, allez», « on peut le faire, allez ». Je regarde ma montre pour essayer d’évaluer le nombre de kilomètres qu’il nous reste à faire, mais avec mon petit « détour » et le parcours modifié la veille, les indications semblent floues.

Puis arrive enfin ( !!) la dernière vraie descente … totalement glissante, et verglacée par moments. Nous enchaînons à tour de rôle les dérapages contrôlés ou rattrapés. Les jambes sont trop raides pour dérouler avec aisance. Les genoux « tapent » et les dents claquent à chaque choc ; la descente est raide et rocheuse. La musique de l’arche d’arrivée se fait entendre, je lève la tête et je l’aperçois entre les arbustes.

Impossible de freiner dans la dernière partie très abrupte, je lâche tout et galope jusqu’à la ligne d’arrivée, les jambes au cou, le cœur dans la gorge et le regard flou.

Clap de fin. 4h10’05 d’un interminable effort. 4h10’05 de difficulté et de plaisir.

Pas à un seul moment je me suis demandée pourquoi je faisais ça. C’était clairement une évidence ; l’effort long est mon âme sœur. Pour autant, il y avait une autre évidence : j’ai encore du chemin à parcourir. Et tant mieux !

Que la route soit longue pour …

(Par)courir le monde autrement !

Camille Court en Vert de Visit and Run