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Pourquoi je suis devenue végétarienne

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Même si le  végétarisme tend aujourd’hui à se démocratiser, il subsiste toujours une forte interrogation sur la question. Interrogation qui me revient souvent, étant moi-même végétarienne depuis quelques années : pourquoi es-tu devenue végétarienne ? Comment fais-tu dans la vie de tous les jours ? Avec le sport, ce n’est pas trop difficile ?

Je vais donc tenter de répondre à ces questions, avec un avis purement personnel. Ce qui me convient, ne convient pas forcément à autrui, chaque corps est différent et connaît ses propres subtilités.

Qu’est-ce qu’un végétarien ?

Il est important de redéfinir dans un premier temps ce qu’est le végétarisme, souvent confondu avec le végétalisme.

Un végétarien ne consomme pas de chair animal (ni viande, ni poisson, ni crustacés), mais consomme des œufs et des laitages. Il existe des « variantes » du végétarisme, comme les pesco-végétariens qui consomme aussi du poisson.

Un végétalien ne consomme aucun produit issu de la production animale : ni viande, ni poisson, ni crustacés, mais aussi ni laitages et ni œufs. Les vegans vont encore plus loin en ne portant ni cuir, ni fourrure, et produits testés sur les animaux.

Je reste volontairement succincte dans mes explications, pour ne pas vous perdre dans toutes les « variantes » respectant des convictions propres à chacun.

Manger végétarien

Pourquoi suis-je devenue végétarienne ?

Pour moi devenir végétarienne a été un lent processus, en plusieurs étapes, qui a débuté assez tôt.

Il est vrai que depuis l’enfance, je n’ai pas un goût prononcé pour la viande. J’ai toujours eu cette conscience de la souffrance animale, et passer devant un étal de boucherie m’était assez insupportable. Pour autant, la viande a toujours été présente dans mes repas, comme dans beaucoup de familles françaises. J’acceptais d’ailleurs assez facilement de manger tout ce qui ne ressemblait pas à un animal (steak ultra cuit, blanc de poulet, lardons …), sans pour autant en raffoler outre mesure.

Plus tard, j’ai commencé des études en géographie ; j’avais des cours de géographie humaine, des cours sur l’environnement, la pollution atmosphérique et l’éco-toxicologie. Tous ces sujets m’ont sensibilisée et éduquée quant à l’impact environnemental et social de la production de viande avec des effets sur la consommation en eau, la pollution atmosphérique et la famine. Inconsciemment, je réduisais déjà ma consommation de viande.

Puis, il y a eu, pour moi, un élément déclencheur. On m’a découvert un cancer de la thyroïde lors de ma dernière année de licence. L’origine n’étant pas génétique, elle ne pouvait être que causée par des facteurs environnementaux. Je savais ce que cela signifiait : l’air, mes vêtements, l’alimentation, les pesticides … tout notre environnement industriel pouvait être la cause de cette maladie. Ironie du sort, j’ai même tiré un sujet de TP au hasard pour expliquer les incidences de l’environnement sur les organes endocriniens (la thyroïde en étant un). Les recherches pour ce TP m’ont bouleversée.

C’est à partir de ce moment, que le changement de mes habitudes de vie a commencé : fruits et légumes bio, produits cosmétiques labellisés, cruelty free, et … végétarisme. Le changement a été assez lent ; il est difficile de tout remettre en cause, mais aussi d’imposer à sa famille d’acheter tel produit plutôt qu’un autre, et de cuisiner tel plat de telle façon.

Même si le mécanisme était enclenché, je ne suis donc devenue végétarienne qu’un an plus tard environ, une fois installée à Paris. Le passage au végétarisme s’est donc fait sans difficulté ; c’était une suite logique à un enchaînement événements et une collecte de connaissance (qui me sont propres).

Pour autant, je comprends tout à fait la difficulté que cela peut représenter quand on a pas le contrôle de la cuisine chez soi, ou face au goût que l’on peut apprécier de certains produits (j’ai d’ailleurs arrêté le poisson un peu plus tard, mais en n’en consommant qu’issu de pêche durable et/ou local … soit quelques rare fois dans l’année au vu de mon budget). Je suis aussi adepte du changement lent, que je pense plus durable. C’est à force de connaissances engrangées et de tests que vous deviendrez végétariens (si vous le souhaitez) ou que vous saurez limiter votre consommation de chair animale.

Parce que je pense sincèrement qu’en termes d’écologie, la réduction de production et de consommation de chair animale est très importante. Outre la souffrance animale, qui est terrible (nous avons tous vu des images terrifiantes), c’est notre planète que nous mettons en danger avec cette surconsommation de viande et poisson.

Manger végétarien

Pourquoi devenir végétarien ?

Ce ne sont pas mes simples convictions qui peuvent vous convaincre, tout le monde a le droit d’avoir un avis différent. Mais je trouve quand même important de vous expliquer avec des faits avérés et des chiffres, l’impact environnemental et social de la consommation de chair animale.

Une des causes du réchauffement climatique :

La production de nourriture animale génère 14% des gaz à effets de serre (GES), soit autant que les transports (tous types confondus). Les émissions sont majoritairement issues de l’élevage de bovins et de la digestion de ces derniers (pets ou rots, tout un débat) qui produit du méthane, gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2, mais aussi du fourrage, du fumier et du transport des animaux et de la viande. Sachez par exemple, qu’un hamburger produit 5 kg de GES.

Pour faire simple, une surproduction de chair animale entraîne donc une surproduction de GES, responsables du réchauffement climatique.

Une des causes de la déforestation :

L’élevage bovin est la principale cause de la déforestation de la forêt amazonienne (véritable « poumon de la planète »), selon un rapport de Greenpeace en 2009. Environ 80% de la forêt aurait été rasée pour servir de pâture au bétail, ou pour cultiver les céréales qui leur servent de repas (principalement soja et maïs). Céréales dont les semences sont souvent fournies par Monsanto en Amérique du Sud, qui, rappelons-le, est le leader des OGM, pesticides et semences dégradant les sols, mis à part si vous rachetez leurs semences spéciales l’année suivante (un exemple des cultures Monsanto en Amérique du Sud très bien expliqué ici). Mais la déforestation provoque aussi une érosion des sols, des inondations et l’extinction d’espèces.

Enfin, tuer des arbres, c’est accélérer le processus du réchauffement climatique par l’émission de GES ; alors qu’un hectare de forêt permet d’absorber une tonne de CO2 par an, nous détruisons cette forêt au profit d’élevages qui produisent eux-mêmes des GES.

Une des causes de la surconsommation d’eau :

L’eau est une denrée précieuse. Elle est même la base de notre existence sur terre. Pourtant 2,4 milliard de personnes n’aurait pas accès à l’eau potable (l’eau impure est porteuse de nombreuses maladies). Pourtant 70% de nos ressources en eau potable sont utilisées par le secteur agricole et notamment l’élevage. Pour exemple, il faut 1 500 L d’eau pour produire un steak.

Mais ce n’est pas tout, l’élevage pollue aussi nos denrées en eau : l’utilisation de pesticides sur la culture destinée à la nourriture bovine, les antibiotiques et hormones donnés aux poissons d’élevage, et les émissions d’ammoniac qui s’évaporent dans l’air avant de rentrer dans les sols par des pluies acides.

Une des causes de la famine dans le monde ?

795 millions de personne souffrent de la fin dans le monde. L’agriculture est loin d’être la seule cuase de cette souffrance ; des facteurs sociogéographiques sont pour majeure partie responsable.  Mais, quand on pense que 80% des cultures de soja, et 50% des cultures de maïs sont destinés à la nourriture des animaux d’élevage, on peut se dire que si toute la population mondiale devenait végétarienne, on pourrait nourrir 15 milliard de personnes, soit 2 fois plus que la population mondiale actuelle.

L’impact environnemental et social de la production de chair animale n’est donc pas anodin, sans compter la destruction des fonds marins avec la pêche au filet (qui tue quelques dauphins au passage). Mais la consommation de viande est aussi démontrée comme mauvaise pour la santé : maladies cardio-vasculaires, cancers (surtout des organes digestifs), diabète, hypertension, obésité … de nombreuses études prouvent que la surconsommation de viande altère la santé de l’homme. Et la viande industrielle est aussi porteuse de maladies, et la bioaccumulation donne une concentration plus forte des pesticides dans la chair animale que nous pouvons consommer (les pesticides étant reconnus comme « potentiellement » cancérigènes).

Pour moi, ce sont ces impacts environnementaux, sociaux et sanitaires qui me touchent fortement. D’autres sont plus sensibles à la cause animale. Je le suis fortement aussi, mais je dois reconnaître que mon raisonnement est d’abord passé par une connaissance des impacts environnementaux. Cependant, tous les animaux ont une sensibilité, une mémoire, et une âme. Un animal n’est pas plus bête qu’un autre, ce sont des images que nous nous créons pour déculpabiliser (simple mécanisme humain).

Quelques soient vos raisons ou vos choix, il est quand même important d’avoir connaissance des enjeux. Je ne ferais pas l’apologie du végétarisme et je suis loin de bannir les omnivores, mais la connaissance des faits est importante à mes yeux qu’importe le régime alimentaire.

Manger végétarien

Sport et végétarisme

S’il y a pourtant bien une chose qui m’agace parfois, c’est quand on cherche à me convaincre qu’un sportif a besoin de protéines animales pour performer. L’idée reçue du végétarien maigre, faible, et carencé a encore la dent dure, et pour beaucoup, il est impossible d’être végétarien et sportif.

Pourtant, de grands noms du sport sont végétariens … et j’aimerais n’en citer qu’un : Alain Mimoun, le plus grand marathonien français, qui nous a quitté il y a peu, à l’âge de 92 ans. Il existe également de nombreux coureurs et  triathlètes végétariens, étrangers ou français, professionnels ou amateurs. Le sportif et son steak ne correspondent plus à la réalité. Être végétarien serait même considéré comme un avantage dans la performance pour certains (à condition de veiller à un bon équilibre alimentaire comme le soulignent les médecins).

Pour ma part, je pense que dans tous régimes, l’équilibre et le bon dosage est important : le trop ou trop peu est l’ennemi du bien. Je mange souvent des assiettes composées d’une part importante de légumes, de féculents (du riz le plus souvent), de légumineuses et/ou de protéines végétales (steak végétaux, tofu, graines germées), et parfois d’un œuf. J’équilibre naturellement mes repas en fonction de mon activité sportive ; lors de périodes d’entraînement important je veille plus attentivement à mon apport en protéines sans pour autant peser mes aliments ou regarder le grammage en protéine de chaque aliment. Avec ce fonctionnement qui m’est propre, depuis un peu plus de 3 ans, et une dizaine d’heure en moyenne de sport par semaine, je ne me suis jamais sentie « faible ». Je dirais même que je me sens plus en forme, avec un effet positif sur ma digestion (sauf si je mange un burger végétarien bien sûr ! Le gras, c’est le gras).

Il ne faut donc pas se mettre cette barrière de « baisse de performance » ou de « faiblesse » si vous souhaitez devenir végétarien, tout en étant sportif.

J’espère en tout cas que cet article vous aura éclairé et informé de manière simple sur ce qu’est le végétarisme et les raisons qui peuvent pousser à devenir végétarien. Il ne s’agit encore ici que de mon propre avis, mais je serais heureuse de connaître le vôtre, pour que nous puissions tous ensemble, continuer à …

(Par)courir le monde autrement !

Camille Court en Vert de Visit and Run

Crédit photos @lakilleusedeflopflop