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Pourquoi j'ai décidé de voyager seule ?

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Actuellement en voyage à travers le Québec, j’ai reçu de nombreux commentaires me demandant si je voyageais seule de la part des locaux, en discutant avec d’autres voyageurs dans les auberges, ou même de mes amis. Et souvent le même type de réponse à mon affirmation : « tu es courageuse » ! Comme si le voyage en solitaire est une chose qui devait faire peur … Mais bien au contraire, le voyage en solitaire est une aventure extraordinaire ! Alors bien que mon expérience soit personnelle, j’ai décidé de vous en parler ici ; le pourquoi du comment, mes motivations et mon ressenti sans filtre.

Comment est-ce que j’ai commencé à voyager seule ?

Je me souviens très bien de mon premier voyage en solo. C’était Londres. Sans rentrer dans les détails, je me retrouvais célibataire après un long moment, j’avais un billet prévu avec mon ex que j’avais déjà acheté, et je n’avais pas envie de perdre l’argent investi. Je me souviens encore très bien de ce moment où j’ai pris la décision ; sur le parking d’un centre  commercial, j’en avais marre, j’avais besoin de respirer ailleurs, j’ai regardé les destinations envisageables dans l’échange de mon billet, j’ai vu Londres, cette ville que j’avais adoré, et j’ai cliqué. Simplement.

Je n’ai pas cherché à me faire accompagner, je n’en ai pas vraiment parlé jusqu’à peu avant mon départ. Je savais que j’allais rendre inquiet mon entourage, et je n’avais pas envie qu’on m’en dissuade. Je faisais ce voyage pour moi avant tout.

Quels types de voyages en solitaire ?

Les auberges de jeunesse

A Londres, j’ai atterri dans un dortoir d’auberge pour la première fois de ma vie. J’y ai eu des discussions passionnantes où on a refait le monde en franglais avec un grec, et deux allemands. J’ai mangé seule en regardant la foule. J’ai fait ce que je voulais quand je voulais (notamment les studios Warner Bros d’Harry Potter !) et j’ai rencontré un local sur un skatepark qui m’a fait visiter la ville comme un vrai londonien. Je n’aurais pas eu l’opportunité de faire ces rencontres en étant en groupe.

Cette ouverture sur le monde, cette possibilité de rencontres … j’étais piquée par le virus du voyage en solitaire.

Le woofing

Peu de temps après, je partais pour plusieurs mois au Canada pour rejoindre mes amis en échange universitaire. J’ai été bien loin des voyages en solitaire, avec des voyages organisés en bus de 60 personnes !

Woofing en Gaspesie

Pour autant, j’avais ce besoin d’aller voir ailleurs sans forcément être toujours en groupe, un peu « fermés » sur nous-mêmes. Je suis donc partie en solo en Gaspésie. Mais encore une fois, j’allais chez une céramiste qui accueillait des voyageurs en échange d’un peu d’aide dans son atelier. Je voyageais donc seule pour rencontrer l’inconnu, des inconnus. Bien que je passais mes après-midis de congés en solitaire, je n’étais qu’à moitié seule.

Parce que voyager seule, ce n’est pas forcément être solitaire.

Le trek en solo

Et puis, il y a eu Paris, sa folie, et des vacances juste pour retrouver les miens. A nouveau un besoin d’air, d’efforts et d’inconnu.

A la fin de mon premier contrat, j’ai pris mes billets pour l’Ecosse pour y réaliser un trek : tente et sac à dos. Le voyage en solo devenait solitaire. D’autant plus que je partais en octobre, autrement dit la toute fin de la saison de camping dans cette région, autrement dit, je n'allais pas y croiser grand monde.

De longues marches seule avec moi-même, des efforts longs, des paysages sublimes. Des douleurs, des peines (j’ai été malade ma première nuit de camping). J’ai vraiment eu parfois des doutes sur mes idées à partir seule dans la nature. J’ai appelé ma mère en pleurs parce que j’étais épuisée. Mais dans le fond, je n’ai pas regretté un seul instant d’être partie seule.

Trek en Ecosse - Loch Lomond

Ce moment sur l’île au milieu du Loch Lomond, avec cette sensation d’être absolument seule au monde pendant de longues heures. Je ne faisais strictement rien, j’étais juste sur le ponton, à écouter le clapotis de l’eau, à guetter le soleil entre les nuages, à sentir l’air frais … je n’avais besoin de rien de plus, j’avais juste cette sensation d’être à ma place, en parfaite connexion avec mon moi et avec mon environnement. Une incroyable sensation de liberté.

Le voyage en solitaire offre la liberté.

La liberté de mouvement, de paroles, de pensées … une liberté plus grande encore qui se ressent comme une explosion dans le cœur.

Le couchsurfing

En Suisse, en France, ou encore aujourd’hui au Québec, j’ai testé le couchsurfing. Le principe est simple : on dort sur le canapé de cet(te) inconnu(e) qui veut bien nous ouvrir la porte de son monde. A ce jour, je trouve qu’il n’y a pas meilleure découverte de la vie locale. Loin de l’indifférence de certaines usines de jeunesse, le couchsurfing offre l’intimité que nous offrirait un ami. Une découverte parfois surprenante, mais toujours enrichissante (le meilleur étant les apéros avec les amis de notre couchsurfeur !)

J’aime particulièrement cette dernière option ; j’ai rencontré des gens exceptionnels grâce au Couchsurfing !

Voyager seul(e), c’est difficile ?

Partir seul(e), ce n’est pas forcément de tout confort. C’est sûrement beaucoup de galères, de peines, d’envie de se faire accompagner par moment, mais c’est aussi beaucoup de joies, de liberté, d’évolution personnelle.

Quand on voyage seul(e), on ne pourra pas se retourner vers son compagnon de voyage quand on aura une difficulté. On devra s’en sortir seul(e), oser dépasser sa zone de confort. Il faudra parfois aller vers cet inconnu qui nous fait si peur, pour nous aider à trouver des solutions. Voyager seul(e), c’est oser demander, c’est s’ouvrir aux opportunités.

Il y a eu des moments où j’étais mal d’être seule, comme il y a peu sur cette rue de Montréal. Je voulais tester un restaurant en soirée, puis je suis arrivée dans cette rue si animée, avec des groupes joyeux faisant la file pour attendre d’être placé, et je n’ai pas eu le courage d’y attendre mon tour puis d’affronter le regard de la serveuse qui vous dira « c’est pour combien ? » « pour moi seule, non le groupe derrière n’est pas avec moi, je suis seule ».

Cette impression d’être parfois un extraterrestre, un ovni dans cette société où être seul(e) peut paraître anormal. Pour autant, ces voyages permettent aussi de plus s’affirmer, de se dire que, oui, on existe pour notre propre personne et qu’on peut avoir envie de satisfaire notre seule et unique personne sans aucune honte.

C’est peut-être ça qui est courageux après tout dans le voyage en solo : oser s’affirmer. Oser exister.

Pour beaucoup, c’est vraiment sortir de sa zone de confort qu’oser être soi. Pour moi, ça l’a été. Ca l’est encore aujourd’hui. Mes voyages en solitaire me mettent autant à l’épreuve qu’ils ne me font sentir plus moi. Mes voyages seules sont chacun un nouveau souffle.

Le voyage en solitaire m’a permis de m’affirmer, moi qui étais si peu confiante en moi. Il m’a permis d’être plus ouverte au monde, alors que j’étais timide au point de ne pas oser parler à mes camarades à la faculté, de peur de les déranger ou d'être inintéressante.

Même si aujourd’hui j’aspire à avoir peut-être d’autres types voyages, à plus de partage avec mon entourage, je ne pense pas que je renierais totalement les voyages en solo.

Voyager seule reste une manière toute particulière de …

(Par)courir le monde autrement !

Camille CourtenVert de Visit & Run