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Le Lac Saint-Jean & la Pointe Taillon (Québec)

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Le printemps continue au Québec, avec mon arrivée au Lac Saint-Jean. Plus au nord, les températures ne furent pas clémentes tous les jours. Pour autant, mon séjour à Saint-Félicien, au bord du lac, fut une parenthèse très relaxante après plus d’une semaine en ville.

Après Mont-Tremblant, je suis retournée brièvement à Montréal, d’où j’ai repris la route pour Québec. Cette journée au cœur de la capitale fut ponctuée d’une sortie running au milieu de beaucoup de pluie très froide. Un jour comme on n’en a pas envie en vacances. Manger, dormir, regarder des films sur Netflix furent les activités principales de cette morne journée que je passerais sous silence.

Louer une voiture au Québec : une option « liberté »

L’aventure québécoise a d’ailleurs réellement recommencé quand j’ai récupéré ma voiture louée via Turo le lendemain ; une détonnante Fiat 500L rouge louée à Marie-Eve. Après la première appréhension de conduire une automatique et en terre inconnue, j’ai pu apprécier les routes canadiennes. Longues, calmes, et entourées de paysages sublimes. Perdue dans l’immensité canadienne. Un pur bonheur. A partir de ce moment-là, le temps passé sur la route ont fait partie intégrante du voyage ; être aux premières loges pour une meilleure vue, s’arrêter quand bon nous semble, et faire des détours pour découvrir un peu plus ou se perdre, la voiture offre des possibilités qu’aucun autre moyen de transport ne peut proposer. Pour une fois, la limitation de mon impact écologique se jouera sur autre chose.

Lac Saint-JeanLac Saint-Jean

Direction Saint-Félicien

Je me dirige vers la ville de Saint-Félicien, au bord du lac Saint-Jean, pour rejoindre mes couchsurfeurs. Je suis ravie de rencontrer des locaux, je trouve que quand on voyage seul(e), cela apporte un vrai plus de convivialité. Souvenez-vous, j’avais déjà eu une expérience réussie à Glasgow en Ecosse. Ici, avec Weena et son ami, je comprends très vite que je passerais de très bons moments ; nous partageons des valeurs communes, et ce sont des passionnés de la nature et de l’humain.

Soudain, ici, la déconnexion se fait enfin. Loin de la ville, plus proche de la nature, je vis à son rythme. Un mode de vie qui me correspond bien et qui fait redescendre toute la pression de ce voyage « où on veut tout faire ». Je prendrais les choses comme elles viendront pour une fois ! Et c’est comme ça, que je me retrouve à accompagner mes hôtes dans leurs déplacements, à déguster une très bonne glace à Roberval sous le soleil et face au lac gelé, à découvrir des initiatives locales et solidaires pour payer ses fruits & légumes moins chers, et les trucs et astuces des habitants du coin. C’est comme ça aussi que je découvre le pont d’observation des oiseaux de la réserve faunique de Tikouamis, pourtant sur le bord de la route principale, mais invisible pour les non-connaisseurs, ou encore que je trouve le chemin pour courir le long des rapides jusqu’au point de vue sur les chutes à Michel. J’y rencontre aussi leurs amis, des québécois, mais aussi des français exilés, amoureux des grands espaces de nature qu’offre le coin. L’expérience avec mes couchsurfeurs est très belle, simple.

Lac Saint-Jean[gallery ids="3252,3242" type="rectangular"]Lac Saint-Jean

Le parc national de la Pointe Taillon au Lac Saint-Jean

Je me serais aventurée un peu plus loin de Saint-Félicien une journée seulement, lors de mon « expédition » au Parc National de la Pointe Taillon. Une véritable aventure, comme toutes mes tentatives de randonnée/trail dans les parcs nationaux.

Bien que j’ai préparé en avance mon trajet, que j’ai regardé de multiples sites internet pour connaître les différents lieux, les différentes entrées, j’ai réussi à me perdre. Une envie du GPS de Google Maps de m’emmener à travers champs, ou plutôt en cette saison, à travers neige. Je me retrouve en bord de route, perdue, sans aucun réseau pour actualiser mon GPS. Je réfléchis, et je suis mon instinct. Orientation hasardeuse, et quelques demi-tours plus tard, je finis par trouver un panneau indiquant l’entrée recherchée du parc. Je m’engage sur la route indiquée, pleine de doutes, mais les panneaux d’indications commencent à fleurir comme des crocus au milieu des dernières neiges.  L’arche d’entrée de Saint-Henri-de-Taillon se dresse enfin, pour me mener vers un parking … totalement vide !

Je fais le tour de la bâtisse d’accueil, je cogne timidement aux vitres auxquelles je colle mon nez, et cherche en vain des informations sur la viabilité des chemins, mais aussi pour payer mon dû (les Parcs Nationaux étant payant à hauteur d’une dizaine de dollars). Puis une boîte verte m’interpelle … « auto-perception ». Il faut du cash. Je regarde autour de moi, désespérée. Du cash, j’en ai jamais. Je ne sais pas où je pourrais trouver un distributeur, mais manifestement, pas derrière l’arbre à gauche. Rebelle, je décide de prendre mon petit sac avec eau et provisions, et de partir à l’aventure dans les sentiers.

Problème, l’accès au sentier présente déjà une quarantaine de centimètres de neige. Je passe par la plage (très fréquentée en été, mais totalement vide aujourd’hui), où je me mets à courir, prête à me faire une petite sortie … mais courir dans le sable, c’est vraiment une idée débile ! Ma foulée est lourde, mon cardio monte en flèche. Je guette un retour vers les sentiers qui bordent la plage, d’autant plus que le mélange sable/neige/lac gelé n’aide pas à savoir si notre prochain pas ne nous fera pas finir les pieds dans l’eau.

Lac Saint-Jean / Pointe Taillon

Sur les sentiers, j’allonge ma foulée. La température est idéale, la forêt silencieuse. J’entends des bruits d’oiseaux, je vois des traces d’animaux sur le sol, je suis vraiment dans un petit paradis. Paradis qui s’avère assez enneigé. Une fois, deux fois, trois fois, mes pieds s’enfoncent dans la slush, plaisir printanier au Québec. Plus j’avance, plus la neige est importante. Je finis par m’enfoncer jusqu’aux mollets par moment. Mais je regarde ma montre et je ne vois que 2 km d’affiché. Je suis désespérée, encore une sortie que je vais devoir avorter. Je décide d’essayer encore un peu, mais environ 500m plus tard, j’abandonne l’idée de continuer, et je rebrousse chemin.

Lac Saint-JeanLac Saint-Jean / Pointe TaillonLac Saint-Jean / Pointe Taillon

Dépitée, je mange mon sandwich dans ma voiture, le nez sur le GPS de mon téléphone qui ne charge pas. Le reste de la journée devra se faire à l’instinct. Au pif. En tout cas, ici, je n’ai plus rien à faire. Je redémarre pour m’arrêter quelques dizaines de kilomètres plus loin, le long de la rivière Péribonka, dans une ville éponyme. Un ponton longeant la rivière m’a fait de l’oeil. J’ai encore envie de courir, je suis frustrée de ma sortie écourtée par la neige. Je m’arrête sur le parking de l’église, et je m’élance sur le ponton … à côté des camions !

La vue est agréable d’un côté, le bruit et l’odeur insupportable de l’autre. Certains passages se font même le long de la route, sous les courants d’air de la valse des camions. Cette idée n’était pas une franche réussite, mais je persiste, et je signe à nouveau pour environ 5km.

Lac Saint-Jean - Péribonka

La découverte du pays en courant dans des endroits plus ou moins naturels semblent compromises au Québec. La voiture y est reine. Compréhensible face à la l’immensité qui sépare chaque ville. Seuls les parcs offrent la tranquillité requise, mais malheureusement, au printemps, ce n’est définitivement pas la bonne période pour les (par)courir.

Pour autant, la beauté des paysages donnent vraiment envie de …

(Par)courir le monde autrement !

Camille Courtenvert de Visit & Run