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L'Hivernatrail avec Ethic Etapes

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Ce week-end j’étais invitée par l’équipe d’Ethic Etapes pour participer à leur Ethic Etapes Trail Tour, un challenge sportif autour du trail et de la découverte du territoire français. J’ai donc pris part à la course de l’Hivernatrail sur son format 30km et 1000+. Un week-end fort en émotions et en découvertes !

Le trail, chez nous, c’est une histoire de famille. C’est donc avec mes parents que je suis partie pour découvrir ce trail de la campagne Nîmoise. Mon père s’alignait sur le 20km, tandis que moi, j’avais signé pour le 30km ! Un défi un peu fou compte-tenu de mon manque d’entraînement entre le travail pour les RDV Visit&Run et les journées trop courtes de l’hiver. Je partais donc peu sereine, mais avec le sourire et la confiance en mes capacités d’endurance.

La découverte du logement Le Cart Ethic Etapes

Après de (très) longues heures de routes, nous avons fini par rejoindre le logement Ethic Etapes à Sommières où les autres participants nous attendaient avant de partir pour l’épreuve de nuit. Le Cart se niche dans une ancienne demeure du 18ème siècle, ce qui lui donne beaucoup de charme, avec notamment un petit jardin intérieur et une piscine découverte (en été donc).

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Les chambres sont assez simples et plutôt prévues pour l’accueil de groupe mais cela répond aussi à un équilibre entre éthique et budget.

Côté restauration c’était un vrai délice : tout est frais, local et le chef m’a même fait un repas végétarien sur mesure !

La course de l’Hivernatrail à Saint-Côme

Après une courte nuit, nous partons sur le départ. La pression monte, le 20 et 10km partent en premier. Je finis par me placer sur la ligne de départ après un dernier passage express aux toilettes, la musique est déjà lancée, la pression monte rapidement et je me concentre, et puis … c’est parti !

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Les premières centaines de mètres sont sur le goudron, au cœur du village, et puis on retrouve vite les sentiers en monotrace (la spécificité de l’Hivernatrail). Je peine un peu à trouver mon rythme, j’ai l’impression d’être partie un peu trop vite … puis ça bouchonne. Une fois, deux fois, trois fois … on prend notre mal en patience et on discute entre traileurs.

Je finis par trouver mon rythme vers le 3ème kilomètre. Je me balade tranquillement, ça monte, ça descends, on passe à travers des sentiers-rivières, les pieds dans l’eau. Je me raccroche à deux messieurs devant, et je joue à ne pas les lâcher … Mais je finis par me perdre au 9ème kilomètre ! J’emmène 3 autres coureurs avec moi dans le mauvais chemin.

Myopie ou problème de balisage ?

Entre le 10ème et le 14ème kilomètre je me perds à nouveau deux autres fois. Ça commence un peu à me désespérer, mais malgré tout je garde le rythme ! Vers le 12ème kilomètre, je commence à sentir une gêne sous le pied. Je me dis que ça va passer mais elle se fait de plus en plus présente … En plus, j’ai l’occasion de me rafraîchir les jambes quand on passe dans des flaques digne de lac, avec de l’eau jusqu’aux genoux !

Après mon troisième « égarement » je me retrouve avec un autre trailer, et on est pile sur le même rythme. Inconsciemment, on se soutient déjà pour ne pas lâcher. On reste plusieurs kilomètres ensemble, et on est vraiment seuls au milieu de la garrigue et des sous-bois. On ne rattrape personne et personne ne nous rattrape. On essaye de savoir où on devrait en être si on ne s’était pas perdus, pour savoir quand sera le ravito … qui tarde à apparaître. On recroise un traileur que j’avais laissé derrière moi avant de me perdre, et à trois on arrive finalement sur ce ravito.

Il fait assez chaud depuis le début de la course, on en profite donc pour bien boire et remplir nos poches à eau. Je suis à 18km à ma montre au lieu des 16km prévus, mais le rythme n’est pas mauvais avec une moyenne de 7min40sec au kilomètre. On discute un peu avec les bénévoles qui nous apprennent qu’on n’est pas les seuls à s’être perdus. Très vite, je relance la marche et mes deux compères me suivent.

La douleur contre le mental

C’est d’ailleurs avec le traileur retrouvé au 14ème kilomètre que nous continuons, se relayant à l’avant de manière totalement fluide et naturelle. Mon pied commence à être une vraie gêne. Je me répète que ce n’est rien, je reste positive, je ne focalise pas sur la douleur. Je veille à boire et à manger.

Clique pour voir la vidéo de la course

On enchaîne les sentiers sillonnant les sous-bois ; je me crois dans Fort Boyard et ça fait bien rire mon compère. La douleur grandit sans cesse, et pour lui, ce sont les crampes qui apparaissent. Nous commençons à alterner des phases de marche/course avec des phases de courses. Je lâche parfois quelques grognements et insultes. Mais je m’assène le même discours que je débite à mon compagnon de galère : « respire, inspire et expire la douleur, la tête contrôle tout, visualise et ça ira mieux ».

Mais si ça marche par période pour lui, ma douleur devient insupportable. Pourtant, la vue est magnifique ! On vient de quitter les sous-bois pour des corniches avec vue sur les vignes et villages en contre-bas. Avec le soleil, c’est vraiment magnifique ! Mais impossible de courir pour nous sur ce chemin un peu trop technique qui nous demande une attention que nous ne sommes plus en mesure de fournir. On est à sec, mais on est là pour se soutenir.

Les derniers kilomètres se passent en serrant les dents. On rattrape 3 autres coureurs, qu’on dépasse (mais qui ne tarderont pas à nous rejoindre). Un autre traileur se joint à notre groupe de souffrance, et alors que je m’apprête à m’effondrer en larme pour la deuxième fois, ils m’encouragent tous les deux, avec des mots tantôt drôles tantôt spirituels.

L’arrivée de l’Hivernatrail

J’ai  mes parents au téléphone ; l’heure tourne et je suis loin des prévisions données à ces derniers, ils commencent à s’inquiéter. Quand je leur annonce que je me suis sûrement blessée, mon père commence à remonter le chemin pour me rejoindre. C’est donc avec lui (et toujours mon compagnon de galère, à qui on donnera le dernier élan de motivation) que je fais le dernier kilomètre.

J’ai envie de m’écrouler, de pleurer, de m’arrêter, mais je me dis juste « putain je vais y arriver au bout de cette course ! ». Et voilà, on y arrive ; l’arche est juste devant nous, on est dans les derniers coureurs, à bout de force. Je ne comprends pas trop ce qui se passe, on m’enlève ma puce, et je suis accueillie par l’équipe d’Ethic Etapes et leurs sourires.

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Je finis avec les secouristes, qui ne peuvent rien faire, et très vite je suis embarquée dans la voiture pour faire le chemin retour avec mes parents.

Je suis tellement épuisée que j’ai du mal à comprendre tout ce qui se passe. Je réalise ma course, mon effort, et à quel point ma douleur est grande. Je suis incapable de poser mon pied à terre et de prendre appui dessus.

Pourtant, la course et la météo était magnifique, mais ce n’était juste pas mon jour. Ça ne gâchera en rien mon plaisir d’avoir découvert un nouveau coin de notre jolie France et une nouvelle course, très différente de celles que j’ai eu l’habitude de courir dans les Alpes. De la boue, de nouveaux paysages, et une technicité toute autre qui demande une constante dans l’effort. C’est un très joli trail que je vous invite à découvrir avec plaisir, pour continuer à …

(Par)courir le monde autrement !

Camille Courtenvert