Blog

Ecotrail 45 km - 2019

49644114.jpg

Samedi 16 mars est marqué au fer rouge dans l’histoire de mon expérience de traileuse ! Après le douloureux échec de la Sainte-Victoire l’an dernier, j’ai pris le temps pour me remettre de mes blessures, reprendre petit à petit pour viser à nouveau le 60 km des Crêtes ... et sur le chemin de cette course si désirée, se trouvait l’Ecotrail 45 km, que j’ai réalisé samedi dernier.

L’Ecotrail de Paris

Ecotrail ce sont des circuits de courses natures en abord des grandes villes ; il y en a un peu partout dans le monde ! A Paris, c’est presque la référence “trail”, bien qu’il s’agisse plus d’une course nature que d’un trail de montagne. Ecotrail Paris offre 4 parcours : 18 km (que j’ai fait l’an dernier), 30 km, 45 km (46,7 km  cette année), et 80 km pour les plus fous, avec une arrivée mythique au premier étage de la Tour Eiffel.

Une course intermédiaire avant le grand objectif

J’avais énormément de pression pour cette course. Une pression que je me mettais seule, non pas parce que j’avais un objectif chrono sur cette course, mais parce que la réalisation de cette course me donnerait la validation pour mon objectif principal qui ne me quitte pas depuis presque un an : le 60 km de la Sainte-Victoire (3 semaines plus tard).

J’ai commencé ma prépa pour cette course à peu près en même temps que ma nouvelle vie parisienne largement surbookée. Malgré mon organisation et ma détermination, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que je ne m’entraînais pas assez. Je crois, a posteriori, que c’est surtout la différence de terrain qui m’a donné cette impression, et le fait d’être toujours chronométrée, sans pouvoir décaler de quelques dizaines de minutes ma séance.

Je n’avais qu’une envie sur cette ligne de départ : finir cette course avec le sourire et des réserves.

Le départ du 45 km Ecotrail Paris

Ayant préparé mes affaires seulement la veille, je me sens pas dans l’ambiance de course. Je ne sais pas trop où je vais, je pars tout juste à l’heure, et je monte dans un train pour Saint-Cyr sans savoir si je suis vraiment dans le bon. Je suis dans un bulle qui m’empêche d’être vraiment dans l’instant présent. Pas d’euphorie, j’essaye juste de me concentrer et de visualiser ma course. Je travaille sur mon mental, pour le remplir d’images positives et contrer cette vilaine pression qui me demande combien de temps je vais mettre.

Sur la ligne de départ, je me mets tout au fond ... je pensais même ne pas être autant au fond du sas, mais en fait je suis parmi les derniers à partir ! J’ai rencontré quelques têtes connues entre le train et l’arche de départ, du coup je n’ai fait que papoter, et je suis carrément de meilleure humeur !

Je pars directement en doublant sur le côté, et en essayant de rejoindre les terrains les plus faciles pour me caler sur mon rythme. Dès le début, je zappe un maximum ma montre, pour me concentrer seulement sur mes sensations, mon souffle. Je regarde autour de moi, j’analyse les foulées de chacun, et je trouve “mon papy” comme à chaque course ! Je me dis toujours que les coureurs plus âgés ont la sagesse qui manquent aux plus jeunes, et qu’ils savent gérer leur course, donc quand j’en vois un du même rythme que moi, je le garde en ligne de mire et il reste mon point de repère (presque) tout au long de la course.

Plus de 45 km de bonheur !

Le temps passe à une vitesse folle ! Pourtant je ne parle à personne, mais j’envoie juste mes jambes à un rythme confortable, et je regarde autour de moi, la nature, la ville, et les autres concurrents. Je me rends compte que j’ai parcouru 17 km avec une facilité déconcertante ... et les kilomètres s’enchaînent (forcément).

Au km 20, le ravito se fait un peu attendre et je rêve d’un peu de coca, mais aussi de changer l’eau de ma poche qui est remplie d’une boisson isotonique périmée qui fait des petits grumeaux.

Entre temps, je me suis forcée à commencer à manger : un mini bout de barre par là, une lampée de compote par ci ... je ne ferais pas d’hypoglycémie sur cette course !

49631672

49631672

On a eu le droit à quelques belles côtes, que j’ai toute marché à un bon rythme, pour ne pas me fatiguer mais ne pas perdre trop de temps non plus. Quant aux faux plats, même si la plupart des concurrents marchaient, je tentais de courir, ne serait-ce qu’en toutes petites foulées ... on va toujours plus vite !

Arrivée au premier ravitaillement, je loupe les deux toilettes et je me retrouve à tenter de me cacher derrière un arbre pour faire pipi. Gênance totale sur cette course où aucun moment d’intimité n’est possible sur le parcours !

L’air de rien, je repars et j’en profite pour appeler mes parents, et envoyer un message à mon ami qui m’attend à l’arrivée pour les tenir au courant de ma progression. Au téléphone, c’est un vrai remue-ménage à coup de “venez c’est Camille !”. Sur le coup, je me dis que “ça vaaa je fais pas un truc de fou non plus !” ... mais en fait oui, ce n’est quand même pas une course que les 3/4 des gens feraient juste comme ça, pour le plaisir. L’appel me redonne encore plus le sourire, et je reprends ma petite balade tranquille.

La boue et Caroline

Jusqu’à présent, nous n’avions pas eu trop de boue, et ce n’était pas pour me déplaire puisque ce n’est pas le terrain qui semble plaire à ma cheville fragilisée depuis mon entorse l’an dernier.

Mais le terrain change et nous attaquons des chemins plus boueux, qui me font un peu ralentir. Ce qui ne m’empêche pas de glisser avec le mauvais pied dans le gros tas de boue ! Plus de peur que de mal, je m’en suis juste mis de partout !

Peu de temps après, je me mets à parler avec une autre concurrente, Caroline, venue elle aussi toute seule sur la course. Le feeling passe bien, et on est à peu près sur le même rythme, et je m’accroche un peu à sa présence. Parler fais du bien, et coupe un peu de la monotonie qui commençait à s’installer à force de voir des sous-bois et des routes. Le parcours est toujours aussi vallonné, et la fatigue se fait sentir petit à petit mais sans douleurs particulières (du moins aucune douleur à laquelle je me permets de penser). Nous continuons notre chemin d’une même foulée, jusqu’au bas du Parc Saint-Cloud, où elle s’arrêtera pour voir son frère.

49555252

49555252

Les interminables quais

Après ce petit passage euphorique à papoter, j’entame donc les quais de Seine seule ... Je vois énormément de coureurs qui marchent, et j’en viens à me demander pourquoi est-ce que je cours encore.

On est sur le même chemin que les promeneurs, et le slalom géant commence. L’arrêt intempestif aux feux tricolores également. C’est vraiment très embêtant, j’ai juste envie d’en finir, et de galoper (ou trotter plutôt), aussi vite que possible jusqu’à la fin.

J’encourage les participants qui se mettent subitement à marcher et je m’encourage moi-même en chantonnant des petits “Allez Camille, allez” dans ma barbe.

Arrivée sur l’île aux Cygnes, le slalom devient insupportable, et je commence à courir tout droit sans prêter attention aux passants qui se fichent de nous laisser un petit passage malgré nos visages livides.

Des petits escaliers, et nous voilà sur le pont Bir-Hakeim, pour monter encore d’autres escaliers ... à côté d’un escalator !

En haut de toutes ces marches, je regarde d’autres participants et je leur demande confirmation sur la proximité du Trocadéro. Réponse affirmative, je ne réfléchis plus et je fonce, un grand sourire aux lèvres et la gorge nouée des larmes qui tentent de monter.

Je vois les chemins sablonneux du Trocadéro et j’accélère, j’y vais ! Je regarde ma montre, je vois le chrono, et j’ai un sourire immense ! Je suis totalement heureuse !

49642993

49642993

49644113

49644113

Je finis par retrouver mon ami, je suis un peu hagarde, heureuse, je lui dis que “j’ai juste mal au cul mais ça va je suis fraîche”. Je viens de faire cette course en moins de 6h, avec encore du jus dans les jambes, et de superbes sensations tout le long. Je n’en reviens absolument pas !

Je finis en 5h49 et 15 secondes, et 65ème SEF sur 141.

Mais pas le temps de profiter, le premier étage de la Tour Eiffel m’attend pour l’arrivée du 80 km ! Une folle journée, sportive, intense, et qui valide surtout ma capacité au prochain objectif : la revanche de la Sainte-Victoire !

De quoi continuer à ...

(Par)courir le monde autrement !

Camille Courtenvert