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La blessure, un incontournable du coureur ?

J’avais prévu un article sur mes dernières découvertes beauté bio ; vous le savez maintenant, ici tant que c’est vert, on peut passer du coq à l’âne. Passons donc directement à l’âne : est-ce que tout coureur doit OBLIGATOIREMENT rencontrer la blessure ?

Un moment d’égarement sur les stories Instagram, et une petite phrase qui m’a fait tiquer : “j’y avais échappé jusque là”, comme si la blessure était une épée de Damoclès, prête à nous tomber dessus.

Les coureurs sont-ils tous des éclopés ?

Petit préambule

Avant qu’on ne me saute dessus, bien entendu, il y a des blessures qui arrivent “la faute a pas de chance” ; l’entorse parce qu’on a loupé un trottoir, une ronce, ou fait une mauvaise chute au ski de fond (coucou c’est moi), ou encore la faiblesse innée que certains d’entre nous peuvent avoir (un bassin vrillé, une jambe plus courte, ou tout autre “défaut de naissance” comme j’aime à les appeler).

Les blessures évoquées sont celles dûes à l’entraînement, ou à une course.

Et pour en parler, je ne suis pas pour autant un exemple, ni un médecin. Ceci est juste une réflexion toute personnelle, car j’ai parfois l’impression que tous les coureurs que je croise IRL ou sur les réseaux sont blessés ou l’ont été à un moment donné.

Course à pied, mental et gestion de la douleur

Il est indéniable que la course à pied forge le mental ; courir par tous temps, persévérer dans l’inconfort, repousser souvent ses limites, trouver la motivation … Ce n’est pas un sport qui laisse beaucoup de répit (comme bien d’autres, mais concentrons-nous sur la course à pied).

Et quand on parle de trail et de longues distances, l’abnégation n’en devient que plus présente ! De ma petite expérience, on passe clairement dans une autre réalité où le temps et l’inconfort sont des notions totalement différentes. Aligner les heures d’effort sans repos, c’est un peu sortir de son corps et en même temps ne faire plus qu’un avec. Je crois que l’on redevient un peu plus sauvage … alors que nos corps ne le sont plus !

On oublie momentanément les sensations de douleur, et à force, notre seuil de douleur augmente. Et à mon humble avis, c’est ce qui fait qu’on peut constater des “exploits” comme des finishers de trail avec des fractures ou autre. Entre l’adrénaline et cet entraînement à aller au-delà du confort, la gestion de la douleur n’est plus la même que pour le commun des mortels.

Personnellement, c’est clairement à cause de ce seuil de tolérance à la douleur trop “élevé” que je me suis blessée ; mes entorses étaient ressenties comme une simple gêne en courant, jusqu’à devenir problématique.

Une course au toujours plus dérangeante

Pour autant, si les phénomènes évoqués ci-dessus sont compréhensibles, il y a une chose qui m’échappe aujourd’hui : cette course constante au toujours plus. Toujours plus d’entraînement, d’alimentation spécifique, d’entraînement qualitatif, de sport alterné, de renfo, de yoga, de planning, de … trop. Je ne me ferais peut-être pas d’amis en disant ça, mais personnellement, j’en peux plus !

Pourtant, j’ai été cette personne au planning ultra-cadré, aux entraînements variés et étudiés, et ce que j’y ai gagné, c’est de frôler le burn-out.

Je reconnais cependant que pour certains objectifs, c’est nécessaire. On ne peut pas préparer un ultra la fleur au fusil par exemple. Mais il n’y a aucune obligation à les enchaîner, même si c’est un certain volume d’entraînement qui nous intéresse. La progressivité et le plaisir sont la clé de tout succès, même pour ces extra-terrestres, aux capacités incroyables que l’on voit sur les réseaux.

Par ailleurs, je pense qu’il est toujours bon de ramener la comparaison (parce que là est le principal souci du “toujours plus”, nous nous comparons sans cesse) à l’ensemble de la population ou simplement aux personnes qui vous entourent (vos proches, vos collègues, etc), pour ne plus voir que par le prisme du “tout parfait” de certains réseaux.

J’ai la vive impression que c’est dans cette course en avant que l’on retrouve souvent des personnes qui se blessent. On semble y oublier le plaisir et l’écoute de son corps, pour répondre à un certain standard qui ne nous correspond pas forcément. Ne serait-ce pas à ce moment que le corps (se) manifeste douloureusement ?

Et le plaisir dans tout ça ?

Même si une très sérieuse étude Topito (lol) démontre que l’on court soit pour sa santé, soit pour mater des petits culs, il n’en reste pas moins, que pour aller au-delà de notre confort, il faut trouver du plaisir dans la course à pied ; le partage, les paysages, le fait de se sentir vivant.e … il y a un tas de raisons, propres à chacun.e, et il est bon parfois de se rappeler pourquoi on court.

En courant sans montre pendant un moment, j’ai pu me reconnecter à mes sensations et mon pourquoi. C’est par ailleurs une expérience que je recommande à tous les aficionados de la course à pied ; l’objectif n’est pas toujours chronométré, il est parfois fait d’expérience et d’émotions.

A mon sens, je conclurais en disant que si la blessure n’est pas inévitable, elle ne devrait pour autant pas être incontournable, car si l’on sait jauger et s’écouter, en variant période de plaisir et entraînement spécifique, on devrait pouvoir trouver un équilibre sain qui mène à la longévité dans notre pratique du running.

Mais je me trompe peut-être ; il faudra que je demande au prochain octogénaire que je croise en courant quel est son secret !

Et vous, vous en pensez quoi ?