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Mon premier ultra-trail : un an après, la leçon.

A dire vrai, je commence cet article sans trop savoir où il ira vraiment. Mais c’est quelque chose que j’ai sur le coeur, et que je n’ai jamais partagé je crois … Seulement voilà, en partant courir dimanche, je me disais qu’il y a environ un an, je m’élançais sur mon premier ultra-trail ! Difficile à croire quand j’enchaîne les petites sorties avec plus ou moins de difficultés (mais en même temps, nous vivons une année si particulière). Je courrais donc sur mes sentiers habituels, et j’ai repensé à cette course que j’imaginais comme le début d’une grande aventure dans l’ultra. Et où est-ce que cette aventure m’a vraiment menée…

Premier ultra trail : toutes les erreurs que j’ai faite et les leçons que j’en ai tirée

Mes erreurs sur mon premier ultra-trail

Avant toute chose, je crois toujours aujourd’hui que j’aurais été capable de finir le Haria Extreme trail de 95km et 3500D+. Du moins, j’étais entraînée pour. Cependant, j’ai fait beaucoup d’erreur ; j’aurais pu largement en éviter certaines, et d’autres étaient plus dû à la malchance, mais dans tous les cas, c’est aussi dans ces “détails” que se joue un ultra.

Une mauvaise planification de course

Comme souvent dans mes courses et mes voyages, je me dis que je vais faire telle course ou aller à tel endroit, et je prends mon dossard et/ou mes billets de transports, et puis je laisse le temps filer jusqu’au dernier moment. Mais voilà, cette fois-ci, ça ne m’a trop aidé.

Déjà, je me suis mal renseignée sur la course ; nombre de participants, niveaux moyen des coureurs … assez peu d’infos sur le site et je n’ai pas cherché plus loin. Peut-être aurais-je pu prévoir que c’était une course plutôt élitiste, et que j’y serais donc très seule, ou que j’allais passer plus de temps que je ne l’aurais imaginé dans le sable. J’aurais peut-être aussi mieux évaluer tout ça avec les barrières horaires … Bref, une planification de la course plus millimétrée semble nécessaire quand il s’agit d’une course de plus de 60km.

Un voyage de la débrouille

Enfin, jeu du sort, j’ai finalement pas pu être accompagnée sur cette course. J’ai pris le parti d’y aller seule, car voyager seule ça me connaît, et faire mes courses en solo aussi … J’allais donc faire un ultra sans assistance, et ça je pouvais gérer logistiquement (grâce notamment à un sac de délestage à mi-course). Mais en allant sur place quelques jours auparavant, je me suis aperçue que j’avais oublié ma carte bleue en France. J’étais donc aux Canaries, toute seule, sans carte bleue. Je n’avais donc pas la possibilité de louer une voiture, ni de me payer correctement à manger, ni des transports confortables, et tout ça en continuant de travailler en télétravail. Bref, j’ai dû sortir mes armes de McGyver de la débrouille, et même si je suis super fière de savoir me débrouiller en toute condition (et d’aller jusqu’à un aéroport à pied à 4h du matin), cela a été moralement épuisant.

J’ai cependant réussi à m’en sortir, en rencontrant un Français sur place qui m’a bien dépanné, et en expliquant la situation à mes hôtes AirBnB qui ont été adorables. Dans un autre contexte, j’aurais adoré ce voyage, mais là, j’en avais marre. Et puis clairement, j’avais envie d’oublier mon travail …. dur à faire quand on est freelance et que les congés sont un luxe qu’on arrive pas encore à se payer.

La leçon apprise sur ces 60km et mon DNF

Les lignes au-dessus sont le reflet de mon esprit pragmatique et analytique ; déterminer techniquement où est-ce que ça a pêché, et ce que je pourrais mettre en place dans un futur projet d’ultra (car oui je retenterais l’aventure) pour que cela n’arrive pas.

Mais un ultra, c’est beaucoup d’organisation mais c’est aussi et surtout le coeur et l’esprit. Et s’ils ne sont pas au rendez-vous, je crois qu’à un moment, le corps lâche. Et il s’en est passé des choses dans mon coeur pendant ces 10h terriblement seule … Je pense d’ailleurs que le déferlement de larmes à la prononciation de mon abandon à l’homme-balai et aux membres de l’organisation présents étaient plus dû à toutes ces émotions que j’ai traversé qu’au fait de ne pas finir cette course.

Car dans cette course, cette tentative d’ultra et de dépassement ultime de moi, j’ai appris que je ne pouvais pas réussir seule. Après des années à me battre pour prouver que j’étais capable, forte, invincible, et que j’avais un mental d’acier, je me suis rendue compte que je m’étais forgée une carapace qui ne résolvait en rien mes blessures du passée. Et surtout, que j’avais rien à prouver à personne si ce n’est à moi-même.

Je n’ai jamais sentie aussi lourdement la solitude que pendant ces dix heures de course. J’ai d’abord essayé de tourner ce sentiment à la dérision, et puis insidieusement il m’a pris littéralement aux tripes, jusqu’à m’empêcher de manger et me donner la nausée.

J’ai compris que mon mental avait des limites, et que l’adage “ensemble, on va plus loin” était vrai. Qu’il allait falloir que j’apprenne à refaire confiance aux autres, que j’apprenne à déléguer, à demander de l’aide aussi. Ca peut paraître bête, mais quand on a toujours su se débrouiller seule, et surtout quand on a été profondément blessée dans sa confiance en soi et son corps de multiples manières, demander de l’aide semble absurde.

Et aujourd’hui ?

Pendant la course, j’ai dit : “Je ne veux plus être seule”. Mais parfois entre une volonté et une réalité, il y a un monde … et beaucoup d’apprentissage. Professionnellement, l’année 2020 m’a permis de changer de client, de redéfinir mes limites de temps de travail et depuis peu, de m’entourer à hauteur de ce que je peux financièrement engager.

Personnellement par contre, cela est plus compliqué. Je me suis par exemple faite la réflexion que je ne saurais à qui demander de faire mon assistance ou de m’accompagner sur un ultra ; car je sais qu’en course, je peux être désagréable quand je suis dans ma bulle, et je n’ose peut-être pas demander la main qui acceptera mes émotions de coureuse.

De plus, l’année 2020 n’a pas été propice aux rencontres en tout genre, et moi qui aime déjà ma solitude, je me sens me conforter un peu plus en elle. Certes, cela continue de “me forger un mental”, mais j’ai hâte de pouvoir me donner un coup de pied au cul et d’aller un peu plus à la rencontre d’autres passionnés, avec qui, peut-être, partager une prochaine aventure d’ultra !

Je serais dans tous les cas ravie d’avoir vos retours si vous avez eu des expériences similaires (sur ultra ou non) !

A très vite,

Camille Courtenvert