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Activité outdoor PACA #4 : bivouac dans le Mercantour

Passer quelques jours en bivouac dans la vallée des Merveilles, ça faisait 10 mois que j’y pensais. Depuis ma dernière venue en fait. Mais le long hiver et les débuts de ma nouvelle activité auront eu raisons de ces quelques jours coupés du monde, connecté à la nature ... du moins jusqu’à début août.

Je prends la décision soudaine de m’offrir quelques jours dans les montagnes. Non que j’en vive loin, mais l’appel du travail et de la routine m’en éloigne toujours un peu trop. Après une remise en jambes en Haute-Savoie avec Astrid, je m’attaque seule au Mercantour, tente et sac de couchage sur le dos.

Un retour aux sources dans le Mercantour

L’itinéraire choisi est exactement le même que celui emprunté en octobre dernier. Je troque juste la nuit en refuge par deux nuits de bivouac. Me voilà donc à 17h17 sur le parking du pont du Countet, fermant ma voiture d’un dernier coup de « Verrouiller » sur ma clé. Pas assuré, je commence ma marche du soir, espérant arriver avant la tombée de la nuit au refuge des Merveilles. N’arrivant plus à me souvenir si je mettais bien 3h ou plus pour cette marche de 5,8km et 819D+, je doute pour mes derniers pas : lampe torche ou non ?

randonnee bivouac mercantour

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Ce que je n’ai pas oublié par contre, c’est à quel point cette randonnée se fait « dré dans le pentu ». Si tu espères un peu de plat pour te reposer, n’espère plus. Ici, ça monte, et ça monte encore ... mais pour mon plus grand bonheur, ce soir-là, une dizaine de chamois m’a accompagnée sur tout le chemin. Tantôt intrigués, tantôt apeurés, ou encore joueurs, ils m’auront donnés à voir. J’étais seule avec eux, et une marmotte, partie en courant avec difficulté tant elle avait déjà bien commencé ses réserves pour l’hiver.

randonnee bivouac mercantour

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Les lacets se sont succédés, les forêts de pin ont fait place aux prairies , avant qu’elles-mêmes ne laissent le terrain à la rocaille. Et enfin, après 2h20 d’ascension, le pas de l’Arpette s’est profilé devant moi ; un panorama à couper le souffle, donnant à voir sur les nombreux lacs de la Vallée des Merveilles et le Mont Bégo. À 2511m, ce pas est le point le plus haut du parcours, et sa vue se mérite autant que le vent qui y souffle nous chasse.

randonnee bivouac mercantour

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Après quelques rapides minutes d’admiration, je suis vite redescendue vers mon point de chute : le refuge des Merveilles. Il faut savoir qu’à partir de ce pas, la réglementation du parc se durcit ; nous entrons dans la zone ultra protégée de la vallée des Merveilles, zone naturelle à l’empreinte historique. De ce fait, le bivouac n’y ai autorisé que sur une aire à proximité du refuge, afin d’éviter les éventuels débordements et d’abîmer les vestiges fragiles.

La descente se fait rapidement. J’allonge mes pas d’une pierre à l’autre. Des pierres violettes qui me donnent l’impression d’être sur Mars. L’atmosphère est différente ici ; la vallée est un cocon dans lequel on plonge immédiatement. Tout est fascinant à regarder et on oublie la notion du temps. J’ai eu l’impression d’arriver à l’aire en un éclair. Éclair d’un peu moins de trois quarts d’heure tout de même.

randonnee bivouac mercantour

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Ma première nuit en bivouac

Il me faut déjà planter ma tente avant que le soleil ne se couche. En deux trois mouvements, ma tente sarcophage est prête à l’emploi, et je m’installe dans l’ouverture pour manger mon repas frugal : eau, pain et terrine végétarienne à l’olive. Je profite de ma proximité au refuge pour aller aux sanitaires et éviter ainsi les différents désagréments liés à la vie en bivouac. Pour autant, je ne serais pas tentée par la douche à l’eau glaciale, préférant un rapide usage des toilettes et du lavabo. Le confort n’est pas de mise, et il n’est pas nécessaire à mon goût dans un cadre naturel aussi magnifique.

randonnee bivouac mercantour

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Couchée très tôt, je me lève avec le soleil aux alentours de 6h. La nuit aura été quelques peu agitée par les fortes bourrasques de vent qui ont secoué ma toile de tente. Tout est cependant oublié devant la magie des couleurs du ciel. Je passe un certain temps à les regarder évoluer, avant de me décider à plier mon paquetage et à reprendre la route. J’admire les dernières lueurs rosées assise sur un rocher, mon sac fait à mes pieds, une tartine de terrine à l’olive en main. Bonheur simple de la vie sauvage.

randonnee bivouac mercantour

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Le jour d'après : randonnée n°2

7h28, je repars après avoir un dernier tour aux toilettes du refuge, grand luxe de cette nuit en bivouac. Mon pas est lent mais assuré ; je sais qu’une longue journée m’attend et j’ai en tête la célèbre fable du Lièvre et de la Tortue (J. de La Fontaine). Un éloge à la lenteur qui me donne le temps d’admirer la vie qui s’éveille autour de moi, ces chamois mal réveillés qui se laissent surprendre par ma présence à seulement quelques mètres, ou encore ses fleurs si spécifiques à la flore montagnarde, et ses roches dont la couleur témoigne d’une oxydation passée. Chaque détail devient important. L’odeur de la terre humide, sublime le tout. Rien ne me fait plus plaisir que ce mélange d’attractions sensorielles, qui renforcent mon bonheur à être ici, à 2 000m d’altitude, seule et entourée par les montagnes.

randonnee bivouac mercantour

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Il y a quelque chose de mystique dans cette Vallée des Merveilles, et ce n’est pas seulement dû aux lueurs du matin, mais l’ambiance générale de ce creux de vallée entourée de grands pics rocailleux mènent presque automatiquement à une rencontre intérieure. Par moment, on croise des gravures datant de 3000 av. J.-C. Des trésors de l’humanité si proche de nous, tel qu’on les a trouvés. Ou presque … de nombreuses pierres gravées ont été vandalisées. Certains de notre génération ont voulus copiés les bergers gravant leur nom dans les années 1800 pour marquer leur passage dans ce lieu magique. Des premiers « vandales » plus respectueux, ne gravant pas sur des gravures déjà présentes. Par ailleurs, pour voir plus de gravures, il faut impérativement être accompagné d’un guide. Quelques sentiers sont interdits au grand public sans accompagnateur agréé. Une démarche qui, à mon sens, permet de protéger au mieux un patrimoine naturel et historique déjà fragile.

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Petit à petit, la vallée s’ouvre pour laisser place à un chapelet de lacs. Je ne les avais jamais vu si hauts, mais les fortes neiges et le long hiver 2017/2018 auront laissés des névés, nourrissant les ruisseaux et lacs de leur lente fonte. J’aurais d’ailleurs des morceaux de névés à traverser pour continuer mon chemin ; une première pour moi de marcher sur de la neige en août en Provence-Alpes-Côte-d’Azur !

La baisse de la Valmasque se dessine enfin en face de moi à 2549m. Son ascension me paraît moins difficile que la dernière fois, alors que je suis bien plus chargée. Peut-être est-ce simplement parce que j’avance à mon rythme, seule, sans aucune pression. Une fois en haut, la vue est sublime. Chaque point haut du parcours nous ravit d’une vue toujours plus impressionnante. La vallée des Merveilles se clôt sous mes pieds, tandis que le lac du Basto m’offre sa grandeur en contrebas. Je suis si occupée à l’observer que je m’en trompe de chemin et finis par descendre en glissant dans les éboulis.

randonnee bivouac mercantour

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Arrivée à bon port, sur le gros rocher en bord de chemin, je m’octroie une petite pause avant de reprendre la route vers la baisse du Basto. Je rencontre quelques autre randonneurs, mais tout est très calme. C’est ce que j’aime le plus dans la montagne : ce silence de la nature.

randonnee bivouac mercantour

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La seconde baisse est plus ardue. Cependant, en mettant un pied devant l’autre et en se laissant porter par le paysage, tout le monde peut atteindre ce passage à 2693m. En ce qui concerne la redescente c’est une autre paire de manches ; éboulis et grosse pierre qui roule peuvent vite vous emmener en contrebas. Il vaut mieux descendre son centre de gravité et ne pas hésiter à s’accroupir. Ce que je fais d’ailleurs, laissant mon sac racler le sol derrière moi. Je quitte cependant le chemin un peu plus tôt pour traverser les pierriers et tenter de retrouver ce chemin non-balisé qui me mènera au Lac Autier.

randonnee bivouac mercantour

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Après un passage lent mais réussi (comprendre sans chutes) dans les pierriers, je peine à trouver le chemin indiqué par les cairns. Serait-ce à cause de ma légère myopie, ou à cause des névés troublant les indications, toujours est-il que je me retrouve perchée sur un rocher, bien trop haut et bien trop peu praticable. Ne voulant pas rebrousser chemin, je le contourne en escaladant une partie, ignorant le vide vertigineux. Je finis enfin par retrouver un semblant de prairie … quand je me rends compte à nouveau des pentes qu’il faut descendre pour tenter de continuer à frayer mon chemin. Voyant un bout de sentier qui se dessine à gauche, je décide de dévaler la pente, non sans une petite chute sur les fesses.

randonnee bivouac mercantour

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Le Lac Autier : un véritable havre de paix

Une fois sur le sentier non-balisé que j’ai (enfin) trouvé, la difficulté n’est pas moindre ; les pentes sont raides, et il faut faire attention à chacun de ses appuis pour ne pas débouler plus vite qu’un chamois. Cependant, la vue du Lac Autier me motive à continuer ma descente. Je n’attends qu’une chose : m’y baigner !! Une vraie cryothérapie naturelle m’y attend … et je ne crois pas si bien dire ! Une fois arrivée, il me faut environ 5 min montre en main pour me déchausser et me dévêtir avant d’entrer dans le lac … qui me brûle littéralement de froid au premier orteil rentré ! Qu’importe, après quelques pas je m’y jette pour un rafraîchissement total, avant de retourner sécher dans l’herbe.

randonnee bivouac mercantour

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S’en suivront deux bonnes heures de sieste et de lecture, avec quelques passages de randonneurs. Du silence, un léger vent et le soleil qui joue à cache-cache derrière les nuages … Ces instants, très agréables, finissent pourtant par me contrarier : et si c’est l’orage qui arrivait ? Mais est-ce que je vais continuer longtemps à parler avec moi-même ? Je n’ai aucun réseau, même pas juste assez pour envoyer et recevoir un texto à mes proches ? Et j’ai faim, j’ai envie d’un vrai repas. La tartinade aux olives me sort par les trous de nez.

16h … et si je rentrais maintenant ? Et voici comment j’ai repris la route au lieu d’attendre 4h de plus pour planter ma tente. Un retour tout aussi escarpé que la dernière partie de randonnée, mais je plie l’affaire en un peu plus d’une heure. Ce n’est pas le confort qui m’appelle, mais bien cette envie de revenir auprès de mes proches, de manger avec eux, et de partager. Je me sens un peu comme le personnage principal du film « Into the wild » qui écrit en derniers mots que « Le bonheur ne vaut la peine d’être vécu que s’il est partagé ». Et ce jour-là, autant je suis heureuse de mon plaisir en solitaire, autant il me tarde de retrouver les miens. Envie salvatrice devant l’énorme nuage noir qui s’approchait à la fin de ma dernière marche.

randonnee bivouac mercantour

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La boucle était bouclée ; j’avais échappée à l’orage, j’avais testé le bivouac, je m’étais défiée avec 17km 1500D+ et 1000D- en deux jours. Je pouvais rentrer chez moi sereine … Et vous partager mon expérience ici, pour vous donner encore plus envie de  …

(Par)courir le monde autrement !

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Camille CourtenVert de Visit and Run