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Marseille-Cassis 2018

Dimanche 28 octobre, je me suis attaquée pour la deuxième fois à la mythique Gineste lors de la 40ème édition de Marseille-Cassis. Une course référence dans les 20 km & semi, qui a la particularité de présenter un « petit » col sur son parcours.

A peine plus d’un mois après le marathon de Tours, deux semaines après l’inachevé 20 km de Paris, je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre pour cette course. Niveau météo déjà : pluie, vent ? Est-ce que j’allais accompagner un ami ? Ou est-ce que j’y allais « au carton » ? C’est donc pleine d’incertitudes que je me suis laissée entraîner dans la foule des participants.

La course avant la course

Le matin de la course, le réveil sonne bien trop tôt ; il fait encore nuit noire, il fait froid, et la perspective de se lever plus tôt pour attendre une heure dans le froid ne nous réjouit que trop peu. Mais le froid est vite évincé quand on voit la foule de coureurs qui s’attroupent sur les quais du métro en ce dimanche matin ! « Pire qu’à Paris », ça se bouscule, ça s’écrase, et les deux stations d’attente avant d’arriver au bout de la ligne sont interminables.

A la sortie du métro, l’heure tourne et nous devons nous précipiter pour aller déposer nos sacs à la consigne en temps et en heure. Il fait vraiment froid, impossible de ne pas prévoir des vêtements chauds pour l’après course. D’ailleurs, les sacs poubelles pullulent sur les coureurs qui tentent de se réchauffer. Il y a vraiment de quoi se demander ce qu’on fait ici …

Pas le temps de plus réfléchir, on doit passer au contrôle de sécurité avant qu’il n’y ait trop de queue. Puis au remplissage des gourdes. Puis à la file indienne qui se faufile jusqu’aux SAS.  Vous l’aurez compris, arriver sur la ligne de départ n’est pas de tout repos ! Joie des courses à 20 000 coureurs.

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Les masses de coureurs s’agglutinent, il n’y a que peu d’espace pour s’échauffer, et les toilettes forment des files d’attente qui coupent les SAS, et en un appel, je perds Anais et Francis avec qui j’étais venu sur la course ! L’ami avec qui je pensais courir est bien trop loin derrière moi dans le SAS pour qu’on se retrouve, et je me retrouve noyée dans le flot de coureurs. Puis soudain, Camille apparaît comme une petite lumière.

Le départ de Marseille-Cassis 2018

Après un périple douteux aux toilettes de la course, je me retrouve sur la ligne de départ avec la jolie Camille, sachant très bien que nous ne serons pas tout à fait sur les mêmes chronos. Cependant, lorsque le départ est lancé pour notre vague, nous nous suivons sur les 3 premiers kilomètres, à une bonne allure.

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Nous slalomons entre les participants, préférant les côtés de la route pour nous faufiler plus facilement. C’est vraiment grisant d’être là à courir, et de me sentir aussi bien à une allure à laquelle je n’avais pas couru depuis un petit moment !

Dès le début, j’ai mis ma musique, anticipant le moment où je décrocherais de Camille. Ce qui ne tarde à arriver, dès la première petite côte ; je prends le temps d’enlever ma veste et je ralentis forcément un peu, et en relevant la tête, plus de petite Camille fluo à l’horizon. Tant pis, je me cale sur ma musique et mon rythme, et j’avance.

La montée de la Gineste

Sur les premiers kilomètres, j’ai l’impression qu’un jeu incessant se répète : je double et me fais doubler toutes les minutes. Je slalome énormément, je me prends quelques coups d’épaules involontaires par moment. On est énormément de monde, et je suis seule au milieu de cette foule. Seule mais avec ma musique, et cette petite voix intérieure qui me dit de lâcher ma montre et de monter à mon petit rythme en tâchant d’être la plus régulière possible.

En peu de temps, je me construis ma bulle, je me perds dans mes pensées, je me concentre sur mon unique souffle, et j’avance. Par moment, j’observe le paysage, ou plutôt l’absence de celui-ci. Un brouillard épais nous entoure, et je me dis que c’est bien dommage pour ceux pour qui c’est la première édition.

Je suis partie sans eau (erreur), et je prends donc soin de bien m’hydrater à chaque ravitaillement. Mais je ne ressens aucune faim, et ne me force pas à manger (seconde erreur).

Du col de la Gineste à Cassis

Enfin j’aperçois le dernier virage qui annonce le col, et d’un coup, le soleil apparaît. Même si je n’ai pas subi la montée, je ressens comme une libération, et d’un coup mes jambes accélèrent. Je double à n’en plus finir, et j’ai une méchante envie d’hurler « gauche » comme en trail ! Je gambade, je fais même quels bonds de cabris quand je passe par le bas-côté de la route pour aller plus vite. Je vois le paysage, les lumières exceptionnellement dorées, les cailloux, la végétation. Je me sens dans mon élément.

J’essaie de me calmer un peu, appréhendant le coup de cul du 12 / 13ème kilomètre. Et là, je n’arrive plus à savoir si le parcours était comme ça en 2016, lors de mon premier MK6 … ça remonte drôlement, et ça me met un court-circuite le peu de jus que j’avais. J’attends le ravitaillement du 15ème, la bave séchée aux lèvres, le regard vitreux.

Arrivée (enfin) au ravitaillement, je m’arrête pour boire un demi-litre d’eau, et manger des carrés de sucre. Depuis que je cours, c’est le moyen infaillible de me redonner des couleurs rapidement ! Et ça ne manque pas. Après ma dernière gorgée, je repars, presque aussi vive qu’un cabri dans son pré ! Je vois une très longue descente devant moi, et je ne peux m’empêcher de laisser à nouveau les jambes dérouler.

Dans mes souvenirs, la descente était quasi sans fin jusqu’à l’arrivée. Arrivée que je savais changée, mais dont je n’avais pas regardé le nouveau profil. Quelle a été ma surprise de voir cette succession de bosses du 17 au 19ème ! Je sens mes jambes se durcir, mon souffle se raccourcir, et je lutte de toutes mes forces pour ne pas marcher … Et puis enfin, le dernier kilomètre !

L’arrivée de Marseille-Cassis

La nouvelle arrivée fait beaucoup moins rêver, mais c’est les jambes en bois que je prends une  dernière envolée pour passer cette ligne d’arrivée en 2h00. J’ai le sourire aux lèvres, ça y est ma course est finie, je ferais mieux qu’en 2016 quoi qu’il arrive. Je passe l’arche d’arrivée à 2h01min03sec. Je m’en fiche, je ne suis pas venue pour un chrono, je suis tout simplement heureuse d’avoir fini ma course aussi bien, mis à part le petit coup de mou du 15ème.

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J’appelle directement mon père pour lui annoncer mon chrono ; en 2016, j’avais couru avec lui, avant qu’il m’accompagne sur mon premier marathon. Nous peinons à nous rappeler du chrono réalisé deux ans auparavant, alors je fais un petit tour sur le net, et là je réalise …

En 2016, j’avais difficilement fini en 2h32, dans la douleur et l’émotion. Cette année, sans un seul travail en côte depuis des mois, j’ai progressé de 31min.

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Je ne retiens qu’une chose de cette progression incroyable : aimez ce que vous faites, et vous pourrez …

(Par)courir le monde autrement !

Camille Courtenvert