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Quand le running ne devient qu’un chiffre 

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Plus de 12 millions de Français pratiquent aujourd’hui la course à pied. Sport populaire, ne demandant que de mettre un pied devant l’autre, il est aujourd’hui le sport au cœur des réseaux sociaux. A tel point qu’il en est devenu, pour certains, un nouvel axe de comparaison. Quand et comment le trop ou trop peu est-il défini ? Faut-il résumer la course à pied à des chiffres ? Je vous donne mon avis.

Si l’on devait résumer ma pratique de la course à pied en chiffres,  je pourrais dire que :

  • Je cours depuis environ 14 ans

  • J’ai très peu couru pendant 3 ans

  • J’ai rarement dépassé les 10 km pendant 12 ans

  • J’ai fait mon premier marathon il y a 2 ans

  • En trois marathon, je suis passée de 4h57 à 4h11, soit une progression de 46min

  • J’ai 13 médailles qui servent d’attrape poussière mais j’ai fait bien plus de courses

Seulement, je n’ai pas conservé les médailles, ni les dossards, et j’ai oublié les trois quarts de mes chronos. Depuis 14 ans, je cours parce qu’on m’avait sollicité pour le groupe d’athlétisme du collège, pour perdre du poids, pour éviter de perdre la tête, pour me prouver des choses, pour me dépasser et pour prendre du plaisir.

Lausanne Marathon 2017

Lausanne Marathon 2017

Faut-il courir pour un chrono ?

Evidemment, améliorer mes temps, notamment sur marathon, ça me fait plaisir. Mais plus parce que je me rends compte de mon évolution. Comme lors de ma dernière participation au Marseille-Cassis ; se rendre compte qu’on a progressé est très gratifiant. Dire le contraire serait mentir … cependant il y a une différence entre vouloir être plus rapide et vouloir être le plus rapide. La seconde option implique une comparaison à autrui, une recherche du chrono pour prouver aux autres qu’on « peut ». La faute à l’affichage constant sur les réseaux sociaux ? Au business gigantesque qui se créé autour du running ?

A qui aura la meilleure note ?

Alors que le sport amateur pourrait être un exutoire, une dose d’endorphines, ou encore un moment pour soi, avec cette comparaison on revient à l’école, où notre pratique était notée selon nos temps. On revient à cette gué-guerre du travail, pour prouver qu’on est meilleur que son collègue. On revient à se maudire, parce qu’on est « pas assez bien ». Des comparaisons qui peuvent toucher et blesser la confiance en soi de plus d’un.

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De la comparaison limitante …

Personnellement, je ne peux plus supporter cette comparaison incessante. J’aimerais qu’on puisse tous afficher nos temps sans aucune honte. Ou ne pas les afficher. J’aimerais que personne ne coure en ayant par avance honte d’afficher un « tel chrono » sur son Instagram. Ou qu’il ne se force pas à aller vite pour « être dans le game ». J’aimerais qu’il n’y ait pas de chrono par type de course qui soit imposé l’air de rien (« ah bon tu mets plus de 50min au 10k ? »). J’aimerais que la course à pied reste un plaisir.

… à l’encouragement positif

Depuis peu, je m’entraîne avec un club d’athlétisme. J’y vois de tous profils, de celui qui adore la compétition sur piste, ou celle qui a fait un 100 bornes à celle qui n’a couru qu’une fois un 10km et qui n’y  croyait pas. Cette richesse de profil est belle à voir. Et ce qui est encore plus beau, c’est de voir tout le monde s’encourager pendant la séance. Du premier au dernier, du plus rapide au plus lent, on s’encourage, on se félicite.

Dans un club d’entraînement, il n’y a pas de place pour la comparaison limitante et insignifiante. La réussite de l’un sert d’exemple positif à l’autre. Les expériences sont partagées, les sourires aussi.

Je suis intimement convaincu qu’au-delà des chronos, qu’en dehors des allures de courses, et de tous ces chiffres qui semble régir le running, il n’y a une chose qu’on doit partager par-dessus tout ; c’est le plaisir de courir.

(Par)courez le monde hors du temps !

Camille Courtenvert