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Pourquoi j’ai dit non aux courses 100% féminines

La Parisienne, les KM pour elles, la Confluente, et autres courses 100 % féminines sont des courses … excluant totalement les hommes (ni déguisés, et disqualification possible dudit monsieur). Malgré ce caractère exclusif, les courses à pied féminines se multiplient ici et là, mettant en avant la solidarité féminine, des causes telles que le cancer du sein, ou le fait qu’il est plus compliqué pour une femme de faire du sport, et que faire une course « juste entre elles » serait plus facile pour elles.

Cependant, pour ma part, ce genre de courses m’inquiète quant à l’inclusion promue par la course à pied ; courir n’est-il pas LE sport qui remet tout le monde sur un pied d’égalité derrière la même ligne de départ, que l’on soit grand, petit, mince, gros, avec un bras ou une jambe en moins, noir, blanc, jaune, gay, hétéro ou que sais-je ? Je cours pour ces valeurs, pour qu’on puisse tous courir ensemble, unis. Et les courses 100 % féminines désunissent ce sport à mes yeux.

J’ai donc refusé toutes les courses 100 % féminines que l’on a pu me proposer ces derniers mois, expliquant mon point de vue (que je vous développe ici).

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N.B. : comme la photo de couverture le montre, j'ai déjà participé à des courses 100% féminines, mais dorénavant je ne souhaite plus le faire.

Non aux courses pour femmes

Féministe, mais contre les courses 100 % féminines, c’est possible ?

J’entends déjà de derrière mon écran, l’effroi de certaines face à ma mise en cause des courses 100 % féminines. Peut-être pourront-elles être perçues comme un soutien, une façon de démontrer la sororité qui peut nous unir. Peut-être même que ces courses aideront certaines à enfin se lancer sur leur première course officielle.

Mais de mon avis, les courses exclusivement féminines enferment les femmes dans une case bien spécifique. Elles catégorisent le rôle des femmes dans la course à pied, en mettant en avant des arguments certes vendeurs, mais qui ne participent aucunement à l’inclusion de tous les sexes dans le sport.

Et si on faisait des courses 100 % masculines ?

Comment réagiriez-vous face à une explosion de courses 100 % masculines, totalement interdites aux femmes ? Ne considéreriez-vous pas cela comme un retour en arrière ?

Rappelez-vous Kathrine Switzer qui a bravé l’interdiction aux femmes de courir le marathon de Boston, pour devenir la première marathonienne. C’était il y a 52 ans seulement. En une cinquantaine d’année, la course à pied a peut-être bien changer de visage, certes. Pour autant, les courses excluantes 100 % hommes ou femmes ne bafouent-elles pas ce combat mener pour que tout le monde puisse courir ? A mon sens, oui.

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Les hommes ne peuvent-ils pas agir pour l’inclusion de la femme dans le sport ?

J’ai l’image, un peu simple peut-être, du père qui court avec sa fille et l’encourage. De la nana qui entraîne son petit copain dans sa passion pour la course à pied. Ou encore de celle qui se motive avec son super pote à se (re)mettre à la course à pied. La solidarité est-elle forcément unisexe ?

Quand à la promotion des courses sur fond caritatif, luttant contre le cancer du sein par exemple … J’ai envie de répondre : le cancer du sein touche des femmes certes, mais aussi tout son entourage, dont son mari, son père, son fils. Les violences faites aux femmes, touchent des femmes certes, mais aussi leur père, leurs amis, leurs fils. Pourquoi ne pas inclure les hommes dans ces combats ? Pourquoi ne pas leur permettre de courir, eux aussi, pour ces causes qui peuvent les toucher ?

Pour moi, l’égalité passe par la possibilité d’avoir la même possibilité de défendre les causes qui nous touchent.

La femme est-elle forcément douce, fragile … et incapable de faire plus de 15 km ?

Il semblerait que les courses féminines ne dépassent jamais les 15km (et encore c’est encore assez rare, et cela tourne plus souvent autour des 7km). Serions-nous si fragiles qu’incapables de faire plus que ces distances ? Ou sommes-nous, tout autant que les hommes, en mesure de faire différentes distances selon notre niveau ?

Certes, les courses caritatives sont souvent autour d’une dizaine de kilomètres ; distance idéale pour permettre la participation du plus grand nombre. Cependant, cantonner les courses féminines à ce genre de distance uniquement, au vu de leur communication de masse, renvoie une image négative où les femmes ne pourraient pas faire plus.

Bien entendu, je ne remets pas en cause le fait que ça soit déjà un beau défi pour certain.e.s, nous avons tous notre niveau et nos objectifs. Il ne faudrait pas pour autant que cela devienne un facteur limitant inconscient pour de nombreuses femmes, leur inculquant qu’il y a des distances « plus adaptées pour les femmes » .

A bon entendeur, et avec l’envie de découvrir votre avis en commentaires, je lève la basket haut et fort pour qu’hommes et femmes …

(Par)courent le monde autrement !

Camille Courtenvert