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J'ai lu ... King Kong Théorie

Cela faisait un moment que j’avais envie de laisser un peu mes romans de côté, pour lire des textes un peu plus engagés, sur des questions qui m’intéressent (comme le féminisme, l’écologie…). C’est pourtant par un heureux hasard que King Kong Théorie de Virginie Despentes est arrivé entre mes mains. Un essai féministe mis en avant, qu’il me tardait de lire ; 150 pages de lecture à émotions fortes !

Qu’est-ce que King Kong Théorie ?

King Kong Théorie est écrit par Virginie Despentes, publié en 2006 aux éditions Grasset. Présenté comme un “manifeste pour un nouveau féminisme”, ce livre décrit les rapports hommes-femmes induits par le formatage dès le plus jeune âge pour correspondre à une société patriarcale. Il use de la métaphore de King Kong (la créature très connue du film de Peter Jackson) comme la sexualité d’avant la distinction des genres ; “hybride, avant l’obligation du binaire” .

En quelques mots, pourquoi la femme est perçue comme fragile et l’homme comme viril, et tout ce qui en découle.

Mon avis sur la lecture de King Kong Théorie

Mon premier ressenti sur cette lecture, c’est ce poids sur la poitrine. Un mélange de révolte, d’angoisse, de réalité nue et crue, et de souvenirs qui refont surface. Ce livre pousse à la réflexion, au questionnement. Il donne à remettre en perspective des expériences vécues. Ces 150 pages qui peuvent paraître “rapide à lire”, demandent en réalité du temps ; le temps de la digestion.

Personnellement, j’ai dû arrêté plusieurs fois ma lecture pour reprendre mon souffle. Car pour moi, les rapports hommes-femmes décrits correspondent à ce que j’ai déjà connu dans le monde extérieur. Être rabaissée dès qu’on veut prendre un peu de pouvoir au travail, avoir la peur d’être sexuellement agressée si on sort ou rentre seule le soir, être critiquée comme pas assez féminine (de la part d’hommes et de femmes), entendre des mots dans la bouche de “potes” hommes concernant la sexualité des femmes et ce qu’elles auraient le droit de faire ou non, sous peut d’être mal considérées, dénigrées, rabaissées. Ne pas se sentir l’égal des hommes.

Les mots de Viriginie Despentes sont crus. Mais parce que la vérité qui en émane est tout aussi cruelle. A travers ces lignes, elle réclame (parce qu’il faut encore se battre pour, le clamer et le réclamer) le droit des femmes à disposer de leur corps pour en faire ce que bon leur semble, même si c’est pour gagner de l’argent avec (pornographie, prostitution).

On peut ne pas être d’accord sur tous les points - je ne sais personnellement que penser de la légalisation de la prostitution - mais dans tous les cas, le message de fond à travers tous les diverses argumentions restent le même : la femme doit être féminine, donc douce, docile, sentir bon et s’épiler. Elle doit ne pas vouloir (trop) prendre le pouvoir, ne pas se faire remarquer, mais ne pas être bête ni boniche. Un idéal qui ne peut exister et pourtant qu’on croit devoir atteindre. L’homme n’est pas en reste puisqu’il se doit d’être puissant, viril, et surtout plus fort que la femme. Mais ces schémas ne correspondent pas à la réalité, la réalité depuis laquelle Virginie Despentes nous écrit : “Je vous écris de chez les moches, pour les moches …”.

La question du viol est aussi abordée, mettant en avant cette éternelle question qui ne devrait pas exister : la victime est-elle vraiment victime ? Ne l’aurait-elle pas un peu cherché ? Bien entendu, aujourd’hui les consciences s’éveillent peu à peu. Le viol est de moins en moins tabou, et les violeurs beaucoup plsu reconnus comme tel. Mais tout n’est pas encore gagné, et que la première qui n’a jamais été sifflée, qui n’a jamais entendu d’allusions sexuelles en rapport avec son corps, gratuitement, dans la rue, ou qui n’a jamais sentie cette main non-désirée sur son corps, lève la main. Nous sommes encore beaucoup trop à subir cette pression de la peur du viol.

Est-ce qu’il faut absolument lire King Kong Théorie ?

J’aurais envie de le faire lire à tout le monde, de le faire étudier en classe au lycée, et surtout que plus d’hommes ne le lisent (du moins, dans mon entourage, un seul l’a déjà lu). Mais pour autant, je pense qu’il faut se sentir prêt ; certains thèmes abordés peuvent déboussoler des personnes qui n’en auraient pas du tout conscience, et si on est pas prêt.e à accepter certains faits, il n’en serait que plus contre-productif, fermant les consciences par rejet plutôt que de les ouvrir.

Je pense aussi à toutes celles et ceux qui ont déjà connus un viol et qui ne sont pas encore au stade suffisant pour lire ces pages.

Il faut savoir que ce qu’on va lire, si on s’apprête à lire King Kong Théorie, n’est pas facile. Pas facile, mais surement nécessaire.

D’autres pistes de réflexions

Si King Kong Théorie est ma première lecture féministe, je suis par contre d’autres médias autour de ce sujet. Les voici :

Sur instagram

(il en existe d’autres mais ce sont les 3 principaux pour moi)

En podcast

Musiques

  • Quartier des Lunes - Eddy de Pretto

  • Noir (feat Isha) - Thérapie Taxi

J’espère que ce partage de lecture vous aura donner envie de le lire, ou du moins de vous intéresser au féminisme. N’hésitez pas à me partager votre avis sur le livre si vous l’avez déjà lu ou vos interrogations en commentaire !