Trois jours de randonnée dans les Hautes-Pyrénées
Cet été, j’ai pris des vacances. Cela peut paraître anodin dit comme ça, mais depuis que je suis à mon compte (soit décembre 2017), je n’ai pris qu’une seule fois de VRAIES vacances. C’était en mai 2019, pour 10 jours à la Réunion. Et pour le coup, cette fois-ci, c’était une semaine de totale déconnexion !
Je vous explique le topo…. j’étais déjà en vadrouille avec mon mini-van, dans le sud-ouest de la France, et je me suis dit “Tiens, si j’allais vers les Hautes-Pyrénées, j’ai jamais vraiment fait !”. Quelques conseils glanés à gauche à droite (et surtout auprès de mon amie Claire), et après un détour par la côte Atlantique, je suis partie me perdre dans les Pyrénées. Seule. En van. Sans réseau (ou à peine de temps en temps). Sans vraiment de batterie non plus. Détachement totale à cet objet qui rythme normalement mon quotidien, j’ai nommé : mon téléphone.
3 jours de randonnée dans les Hautes-Pyrénées
Jour 1 : Cirque de Gavarnie et col de Tentes
Après une première nuit sous l’orage, à me faire réveiller par des rafales de vent qui soufflent dans tous les interstices de mon véhicule, je me réveille sous un ciel gris et lourd.
J’avais initialement prévu de faire le Petit Vignemale, mais en descendant vers le village de Gavarnie pour me renseigner sur la météo à l’office de tourisme, je repousse cette longue randonnée au lendemain au vu de la météo changeante du jour.
En montagne, il vaut mieux éviter de partir pour une randonnée trop éloignée s’il y a des risques météorologiques, d’autant plus si on est seul.e !
Cirque de Gavarnie - 9 km et 370 D+
Je pars donc pour le cirque de Gavarnie, avec la masse de touristes qui commencent à s’activer. En partant vers 9h45, je double déjà pas mal de monde. Le guide topo indique une randonnée de 3h30, avec environ 2h de montée … que je fais en 55 min ! Et je redescends en 30-35 min, en trottinant par moments.
J’ai l’impression de voir plus de monde que dans un centre commercial ; certains marchent avec des bâtons, d’autres en tong, certains à chevaux ou avec un âne, mais beaucoup sont rivés sur leurs téléphones. Je trouve ça assez triste. L’aspect ultra-touristique du cirque de Gavarnie me déplaît fortement … certes, c’est une opportunité financière pour le village, mais je trouve que cela se fait au détriment du paysage qui lui est magnifique ! La grandeur du cirque donne un sentiment d’ivresse comme seule la nature peut nous donner !
Col et Pic de Tentes - Port de Boucharo - Lac des Espécières
Après une bonne pause et quelques achats pour refaire mes stocks alimentaires (dont du fromage et de la bière de producteurs locaux ! ), je repars vers le col de Tentes pour en visiter les alentours.
Je pars tout d’abord vers le Port de Boucharo depuis le parking du col. Encore une fois, il y a beaucoup de monde. La randonnée est très accessible, sans difficulté, quasiment plate et fait environ 3 km aller/retour. Je repique sur le Lac des Espécières puis le Pic des Tentes, en repassant à chaque fois par le parking. Le ciel est toujours lourd, mais l’air frais de la montagne fait du bien !
La journée aura été relativement calme à mon goût, et l’isolement des grandes randonnées en montagne bien loin de Gavarnie … Je me gare cependant à l’intersection entre la montée vers le col et la route vers le barrage d’Ossoue pour y passer la nuit ; le passage est régulier, mais j’ai l’impression qu’aucun coin n’est isolé par ici ! Je fais donc fi du balai des voitures et je passe ma soirée entre douche artisanale, petite lessive et repas au réchaud, avant de me coucher en rêvant du Petit Vignemale et de cette randonnée que je suis loin de pouvoir imaginer …
Jour 2 : Le Petit Vignemale (3032 m) par le barrage d’Ossoue - 24 km et 1644 D+
Réveil matinal (mais sans sonnerie, c’est les vacances tout de même), je me dirige vers le barage d’Ossoue après un rapide petit-déjeuner. La route est étroite et sinueuse, et je m’arrête à la fin de la route goudronnée, pensant être assez près du barrage … mais que nenni ! J’étais à 4 km de celui-ci, et la piste qui suivait la route n’était point une DFCI ou un chemin un peu large, mais bel et bien la départementale. Certaines voitures s’y aventurent, mais je suis bien heureuse de ne pas avoir jouer avec les cailloux peu rassurants de ce bout de route.
J’atteins enfin le barrage, pour le début de la “vraie” randonnée. Les premiers kilomètres sont vraiment accessibles, quasiment plats, et offrent une vue assez impressionnante sur la large vallée. Et puis, après la traversée d’une rivière en contrebas d’une gigantesque cascade, les choses se corsent ! La montée n’en finit plus, et ce jusqu’au refuge de Baysselance. C’est assez rude, mais je me refuse à lâcher le rythme ; aujourd’hui, je ferais mon deuxième 3000 !
Je fais cependant une rapide pause à la Hourquette d’Ossoue, où je discute avec quelques autres randonneurs qui s’abritent du vent juste à côté de moi ; un jeune homme de mon âge environ, et un père et sa fille (qui doit également avoir mon âge). Chacun y va de son anecdote et de son bon plan, dans les Pyrénées ou ailleurs, et j’apprécie ce bout de conversation avec d’autres passionnés de la montagne. D’un mouvement, nous partons tous ensemble pour attaquer la dernière montée très raide jusqu’au somme du Petit Vignemale. Rapidement, le jeune homme nous sème ; je ne connaîtrais jamais son nom ! Je me retrouve donc avec Pauline et son père ; ça me rassure un peu et me motive beaucoup. Même si on est capable de faire certaines choses difficiles seul.e, le faire avec une bonne compagnie est encore mieux !
Arrivée en haut, les émotions sont intenses. Les larmes me montent aux yeux, un peu à cause du vertige devant ce vide qui s’offre à moi, un peu pour la beauté du paysage qui est époustouflante. Il y a aussi de la fierté dans ces larmes qui embuent mes yeux : j’ai grimpé jusqu’à 3000m d’altitude pour la deuxième fois de ma vie, et ce n’est pas rien ! Ce moment s’immortalise par quelques photos et sourires.
Je quitte Pauline et son père après la descente jusqu’à la Hourquette où nous avons partagé un repas frugal, l’effort nous ayant coupé l’appétit.
Le retour se fait par le même chemin, et contrairement à l’aller, il est beaucoup plus agréable et facile, surtout dès que je quitte le vent … qui laisse place à la douce morsure du soleil ! Douce au début, elle devient peu à peu pesante, et je n’ai plus d’autre hâte que de rejoindre ma voiture ! Arrivée, je me profite de la rivière pour me rafraîchir avec un bain rapide avant de reprendre la route vers le prochain spot de rando …
Jour 3 : de Tournaboup au Pic de Madamète - 18 km et 1265 D+
Je passe la nuit vers Barrèges, dans la montée du mythique col du Tourmalet. Mais petit problème, je ne trouve aucun point d’eau potable, et c’est donc la mort dans l’âme que je vais acheter des bouteilles d’eau … ça me fend le coeur !
Les jambes portent encore les stigmates de la marche de la veille, et je prends donc mon temps pour me préparer. Je ne prends cependant pas de repas avec moi, seulement du malto et des gels de Meltonic et quelques noix du Brésil.
Partie tard, aux alentours de 9h30, je croise pleins de randonneurs, que je double rapidement … cependant, en suivant le mouvement, je prends la boucle en sens inverse de ce que j’aurais voulu ! Tant pis, je continue mon chemin d’un bon pas et je ne fais que quelques arrêts rapides pour prendre des photos ou vérifier mon chemin parmi les nombreux sentiers. J’ai la niaque, et je n’ai pas envie d’une randonnée tranquille ! A tel point, que j’arrive en 2h45 au col de Madamète, au lieu des 4h annoncé un peu plus tôt sur le chemin ! Mais c’est surtout le pic du même nom qui m’intéresse, et je continue en traçant mon chemin tout droit à travers un énorme pierrier. Ca glisse un peu, ce n’est pas très rassurant, mais c’est largement faisable si on s’y prend à son rythme. Arrivée en haut, je repense à ce vieux monsieur bedonnant qui m’a largement jugée incapable de gravir le pic de Madamète et je souris intérieurement.
La redescente se fait sur le lac de Madamète pour un spectacle très agréable entre la vallée, le bleu de l’eau qui s’y niche, et le pic du Midi de Bigorre en fond. Le sentier se fait cependant capricieux, casse-pattes par moment, plus roulant par d’autres ; j’y cours autant que possible mais pas tant que ça sur la première partie de la descente, malgré le dénivelé plutôt négatif.
Après une petite pause dans les buissons, je me mets au défi de doubler un père et son fils un peu plus loin devant moi. Ils marchent d’un très bon pas malgré leur gros sac, et je ressens une légère difficulté à les rattraper. J’accélère donc pour les rejoindre, et les doubler … mais au final, je me mets à parler avec eux, et c’est ensemble qu’on finit la randonnée, en courant relativement souvent tout en papotant ! On partage nos expériences et nos envies de trail, et les kilomètres passent facilement, malgré les jambes qui tiraillent ! Nous nous quittons à la fin de la randonnée, et je m’offre un somptueux sandwich au fromage et un coca à la buvette du bike park du Tournaboup avant de reprendre la route pour quitter les Pyrénées … mais pas encore les montagnes !
Jour 4 : juste à côté des Hautes-Pyrénées, à l’Hospice de France
Bien qu’en Haute-Garonne, je suis restée encore un jour dans les Pyrénées en continuant ma route vers Luchon afin de rejoindre l’Hospice de France. Environ 2h30 de routes et 3 cols de la route du Tour de France séparent Barrèges de Luchon, mais si comme moi vous rentrez vers le sud-est, ce petit détour en vaut la peine !
Ayant seulement entendu parler du Port de Venasque comme une option facile vis à vis du Pic Sauvegarde, je m’engage sur cette randonnée au départ de l’Hospice de France avec des jambes déjà bien épuisées. Je monte en baillant, et je vois cette longue montée qui n’en finit plus. Je me cale sur un rythme, et j’oublie le reste, me focalisant uniquement sur le paysage.
Après 6km de montée lente et régulière, j’arrive au refuge de Venasque et je cherche des yeux le port dans les crêtes qui l’entourent. “Impossible à voir du refuge” m’indique une randonneuse. Je m’aventure donc sur la suite du chemin et je contourne le lac pour attaquer la dernière montée zigzaguant dans les pierriers. Elle est rude et vertigineuse, mais j’en viens à bout pour atteindre le fameux port de Venasque, sublime, qui ouvre la porte sur l’Espagne. Le vent s’engouffre dans cette brèche avec une telle force que j’ai l’impression qu’il pourrait me faire tomber par moment.
Je savoure la vue encore quelques instants, et puis je redescends par le même chemin, avec une idée en tête : retourner au refuge pour finir mon livre glissé dans mon sac à dos avec un bon repas. C’est mon dernier jour perché dans les Pyrénées, et je compte bien profiter pleinement de la sérénité qu’offrent ces montagnes !
Bien qu’en Haute-Garonne, je suis restée encore un jour dans les Pyrénées en continuant ma route vers Luchon afin de rejoindre l’Hospice de France. Environ 2h30 de routes et 3 cols de la route du Tour de France séparent Barrèges de Luchon, mais si comme moi vous rentrez vers le sud-est, ce petit détour en vaut la peine !
Ayant seulement entendu parler du Port de Venasque comme une option facile vis à vis du Pic Sauvegarde, je m’engage sur cette randonnée au départ de l’Hospice de France avec des jambes déjà bien épuisées. Je monte en baillant, et je vois cette longue montée qui n’en finit plus. Je me cale sur un rythme, et j’oublie le reste, me focalisant uniquement sur le paysage.
Après 6km de montée lente et régulière, j’arrive au refuge de Venasque et je cherche des yeux le port dans les crêtes qui l’entourent. “Impossible à voir du refuge” m’indique une randonneuse. Je m’aventure donc sur la suite du chemin et je contourne le lac pour attaquer la dernière montée zigzaguant dans les pierriers. Elle est rude et vertigineuse, mais j’en viens à bout pour atteindre le fameux port de Venasque, sublime, qui ouvre la porte sur l’Espagne. Le vent s’engouffre dans cette brèche avec une telle force que j’ai l’impression qu’il pourrait me faire tomber par moment.
Je savoure la vue encore quelques instants, et puis je redescends par le même chemin, avec une idée en tête : retourner au refuge pour finir mon livre glissé dans mon sac à dos avec un bon repas. C’est mon dernier jour perché dans les Pyrénées, et je compte bien profiter pleinement de la sérénité qu’offrent ces montagnes !
J’espère en tout cas, que mon partage d’expérience vous aura donner des envies d’évasions et vous permettra d’avoir de belles idées de randonnées si vous vous aventurez du côté des Pyrénées !
Merci de m’avoir lue, et à très vite !
Camille Courtenvert